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Le discours anti-wallon en Belgique francophone (1983-1998)

L'espace correspondant à la Wallonie actuelle ne fut certes jamais unifié politiquement avant 1795, encore que la Principauté de Liège, qui le débordait au Limbourg actuel, présente une belle continuité historique et rayonna sur le pays wallon jusque Verviers, Dinant, Philippeville, Jambes jusqu'au coeur de l'<

Le discours sur la Wallonie le plus difficile à traiter, par définition, est celui où elle n'est même pas nommée1.

  1. 1. Thibaut Hogge, Des Wallons sans histoire? in L. Courtois et J. Pirotte (directeurs), L'imaginaire wallon, Fondation Wallonne, LLN, 1994, donne des précisions frappantes sur l'absence de la Wallonie dans l'historiographie francophone belge.

En règle générale, ce dont nous parlons ici concerne les années 80 et 90, soit une époque où le déclin wallon va connaître son paroxysme, une époque où s'affaiblit la classe ouvrière, mais aussi où, au pire creux de la vague, la Wallonie commence à s'affirmer: si fort qu'elle provoque les réactions bruxelloises, celles dont nous parlons depuis le début.

Il s'agira ici plutôt de réactions au Manifeste pour la culture wallonne, car le texte et la démarche rendent la Wallonie visible. L'opposition à la Wallonie ne pourra donc plus prendre la forme d'une négation par ignorance, mais d'une stigmatisation: le thème le plus fréquent - jusqu'à l'obsession - c'est celui du repli.

Bien avant que ne soit connu le résultat des élections européennes, le Président bruxellois Charles Picqué, du même parti que José Happart, souhaitait que celui-ci n'y fasse pas un trop bon score, une telle éventualité faisant peser, à ses yeux, une hypothèque sur les relations entre Bruxelles et la Wallonie.

Le discours antiwallon est à ce point récurrent dans les médias, la culture, les sciences humaines, il prend de si nombreuses figures, mais, d'autre part, ceux qui le tiennent sont, en même temps et paradoxalement, à ce point convaincus que tout cela ne serait que pur fantasme, que l'on devient exigeant à l'égard de soi-même.

Nous serions tentés de dire que ce flux continu de calomnies et même d'injures (pas si rarement), de dédain, voire de mépris (parfois), de simples méconnaissances ou incompréhensions (plus souvent, heureusement), qui alimente sans discontinuer les médias francophones belges, les livres, les revues, flux dont nous venons d'établir la réalité à travers seulement quelques échantillons, constitu

Ce n'est pas seulement de l'identité nationale ou culturelle que tout ceci relève, mais, beaucoup plus profondément, de l'identité citoyenne, donc de la simple identité humaine.

Le livre de José Fontaine lui appartient. Comme il s'inscrit dans une démarche de revue, nous avons tenu à ce que François André y ajoute son grain de sel, d'une saveur peut-être plus proche d'une partie du comité de rédaction de la revue.

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