180 ans d'une Belgique divisée et la gauche de la gauche?

26 janvier, 2011

La démission de Johan Vanden Lanotte ce 26 janvier 2011 n'a rien d'un coup de tonnerre dans un ciel serein.

Elle était attendue, tant la situation politique est devenue inextricable depuis les élections du 13 juin dernier. La recherche d'un coupable ou les lamentations entendues ce jour sur les plateaux des télévisions ne rendent pas plus intelligibles les événements en cours. Et il est inutile de se tourner vers des explications divines ou d'avoir recours à la démonologie pour comprendre ce qui se joue actuellement.

Deux peuples se partagent des frontières nationales communes et coexistent de manière conflictuelle depuis 180 ans.

Durant ces 180 années, aucune solution durable pour rendre leurs relations harmonieuses n'a pu être dégagée.

L'impasse est maintenant totale : après avoir conclu (difficilement) cinq grandes réformes de l'Etat au cours des quatre dernières décennies, les négociations au sujet d'une sixième réforme institutionnelle majeure sont complètement bloquées.

La raison de ce blocage ? Deux nationalismes s'affrontent, le nationalisme flamand, relayé par les « élites » politiques flamandes, qui a pour objectif l'autonomie de la Flandre, et le nationalisme belge, relayé par les « élites » politiques francophones, qui veut encore et toujours sauver à la Belgique (et sa monarchie) !

Aujourd'hui, les tensions et les contradictions entre les deux aspirations sont trop grandes pour espérer trouver un compromis satisfaisant pour les uns et pour les autres !

Aucune sortie de ce « régime de crise », caractérisé par une instabilité politique permanente, n'est prévisible.

Il y aura probablement, dans les prochains jours, un énième tour de piste d'un quelconque « cascadeur », mais il échouera, et puis nous retournerons aux urnes.

Il est possible, bien que ce soit peu vraisemblable (étant donné le veto des principales formations politiques du Nord du pays), que ces élections soient différées le temps d'un court intermède animé par un gouvernement de transition, chargé de régler les « problèmes économiques et financiers » les plus urgents.

Il est par contre incontestable qu'organiser un nouveau scrutin législatif un an (ou moins) après le précédent, et ce sans qu'un « gouvernement de législature » ait pu être constitué, est un fait sans précédent dans notre histoire.

C'est dire si la crise de régime frappe à notre porte.

Il est temps de cesser de croire que le statu quo ou une timide avancée institutionnelle suffiront à la résoudre.

Il est temps de prendre toute la mesure de la « question nationale », une question toujours refoulée et toujours de retour.

Depuis 1970, nous sommes clairement engagés dans un processus de dislocation de l'Etat belge. La disparition de celui ne surviendra sans doute pas après un proche « grand soir », mais la dynamique qui conduit vers cette issue pourra difficilement être annihilée.

La « gauche de gauche » doit renoncer à son attitude frileuse. Il est erroné de continuer à parler mécaniquement de « diversion » ou de « faux problème ». Ces discours répétitifs décrédibilisent celles et ceux qui s'en font l'écho, car ils n'expliquent en rien l'impossibilité de mettre sur pied un « gouvernement qui décide », alors que la classe dominante veut rapidement voir se concrétiser des politiques dures, qui prennent en compte la défense de ses intérêts, au détriment du plus grand nombre dès lors condamné à subir une cure d'austérité draconienne.

Il est donc temps d'avancer et de défendre une réponse forte, qui ne saurait être que de nature «confédéraliste ».

Tout doit être mis en œuvre pour progresser résolument dans cette voie.

L'unité et la solidarité des travailleurs ne sont pas liées à l'existence de frontières communes, sans quoi il serait totalement impossible d'être solidaires avec les peuples en lutte dans le monde, de la Grèce à la Tunisie.

Ce qui divise aujourd'hui les salariés des différentes entités, c'est l'imbroglio « communautaire » qui est utilisé par les stratèges des bourgeoisies pour dresser les travailleurs wallons contre les travailleurs flamands.

Cela n'a que trop duré.