Arlon : une civilisation de la vanité
Une description hallucinante et juste
Voici donc cette page d'anthologie : « Journaliste pendant une dizaine d'années dans la province la plus lointaine de Belgique, j'ai dû assister à des centaines de manifestations officielles, où les élus se croient obligés de faire subir à leur auditoire selon les codes de la culture française, une enchaînement de discours sans intérêt qui ennuient tout le monde. C'est le decorum classique des cérémonies organisées par l'institution provinciale dans la salle d'apparat de ce qu'on nomme pompeusement le palais du gouverneur. Ces réjouissances oratoires donnent lieu à un protocole introductif immuable. L'orateur, élu du peuple ou haut fonctionnaire, commence par saluer la présence d'une kyrielle de notables et regretter l'absence des autres, qui se sont fait excuser afin que leur nom soit quand même cité et que l'on puisse ainsi juger de leur importance. Quant aux présents, l'orateur apporte un soin scrupuleux à n'en oublier aucun et à les aligner dans le bon ordre. Car il y a un ordre hiérarchique dans le petit monde des représentants du peuple et de la haute fonction administrative. Ne m'en demandez pas le détail, je l'ignore. J'imagine que plus le cénacle dans lequel on siège est éloigné et plus la fonction est exécutive, plus haut l'on se tient sur cette échelle qui va du moins que rien jusqu'au chef de l'Etat. Quoi qu'il en soit, l'orateur, mieux informé que moi, égrène dans le bon ordre ces différents personnages. Jamais, il ne donne leur nom. Ça ne se fait pas, ça doit rester sous-entendu. Il suffit de citer les grades en accordant avec le sexe de l'intéressé et avec le singulier ou le pluriel, il faut aussi y mettre une certaine lenteur. Et enfin, il convient, lorsque l'on emploie le singulier, de regarder les personnes que l'on désigne. Une lourdeur accompagne cette désignation lorsque l'orateur doit chercher le faciès de la personne parmi la multitude des invités, et qu'il y consacre quelque temps avant de trouver l'élu ou, quelquefois, doit se corriger faute précisément de l'avoir déniché lors qu'il était jusque là persuadé de sa présence. Cela dit, son travail est généralement facilité par l'habitude bien ancrée chez les politiciens d'occuper les premiers rangs en toutes circonstances. Pour le reste, il est mieux que la voix traduise, dans le mielleux ou le solennel, le respect qu'il convient d'accorder à ces personnes, surtout les premières d'entre elles ; pour les autres, on peut accélérer le débit et se contenter d'un timbre neutre. Cela donne quelque chose dans ce genre : « Monsieur le sénateur (regard appuyé + sourire), Madame et Monsieur les députés (regard appuyé), Messieurs les membres du collège provincial, etc., etc. » Ce rite doit s'adapter à la composition de l'auditoire, son contenu évolue en fonction des huiles présentes. Mais il est une chose qui ne varie jamais, c'est sa conclusion. Ce sont quelques mots, toujours les mêmes, qu'on n'entend nulle part ailleurs. Quand l'orateur en a fini avec la litanie des puissants, qu'il est parvenu au bas de l'échelle politique, au dernier des conseillers communaux, il lui reste à saluer le simple public, les autres, ouvriers et employés de l'administration, invités, journalistes et que sais-je encore. A ceux-là, il réserve une formule les englobant tous, dont les premiers mots varient qui introduisent une conclusion immuable : « et à tous ici présents, ou à chacun de vous... en vos titres et qualités ». Voilà, le décor est planté et magistralement.
Arlon-Carrefour
Né en 1967, c'est en 1991, peu de temps après la fin de ses études de journalisme à l'ULB et après un bref passage comme correspondant à L'Avenir du Luxembourg (qui ne portait pas encore le nom L'Avenir comme dorénavant tous les quotidiens régionaux de la chaîne de L'Avenir, autrefois Vers l'Avenir, les titres des éditions étant tous composés de lettres minuscules), qu'il est engagé en 1995 à Arlon-Carrefour. Ce journal gratuit appartient à l'Association commerciale et industrielle d'Arlon (ACIA). Son directeur est Gaston Triffaux qui est aussi secrétaire de l'association. Il a une belle diffusion : 50.000 exemplaires dans le sud du Luxembourg. G.Triffaux été journaliste dans l'édition locale de La Meuse et il développé tant l'ACIA que le journal, l'association et le journal (« le premier média arlonais », p. 17), sont des acteurs de premier ordre de la région. Le journal très subtilement, soutient la majorité communale et en particulier sa composante socialiste dont le bourgmestre Guy Larcier qui affirmait « Pour moi, le PS, c'est un gros poing avec une petite rose » (cité page 15, le livre de JC Delhez est parsemé de formules de ce genre, soit débitées par les intéressés, soit utilisées par l'auteur et elles font souvent mouche). On apprendra plus tard (pp. 43 et suivantes) que le fils de Gaston Triffaux, par ailleurs enseignant en histoire dans une école secondaire de la région double ses revenus grâce à des défraiements considérables à Arlon-Carrefour qui en outre assure la publicité gratuite de ses ouvrages historiques.
La manière dont le journal traite l'opposition alors catholique au conseil communale d'Arlon est, écrit l'auteur, « sournoise, subliminale ». Quant à la majorité poursuit-il, un grand soin est mis à la photographier : « Il faut croire que le potentiel propagandiste de la photo surpasse celui du texte. » (p.21) Jean-Claude Dellhez explique comment tout aussi « subliminalement », son patron tente de le faire pénétrer ce milieu (comme tous les milieux ?), fait de renvois d'ascenseurs et de petites ou grandes corruptions, en l'envoyant pour commencer à des repas gratuits : « C'est une attitude que j'ai retrouvée dans les milieux u pouvoir, pas seulement chez les politiciens, dans une certaine presse aussi, dans la haute fonction publique...Si l'on ne fait pas partie de ce monde, en se sucrant un peu au passage, en trahissant les mêmes faiblesses, on devient suspect. Il ne s'agit pas forcément de participer à des orgies ou des détournements publics. Il s'agit de publier des articles faux mais conformes à la pensée commune des notables... » (p.26). Lors d'une visite du Prince Laurent à Arlon (les visites princières dans la veille sont de celles qui « illuminent une décennie »), alors qu'une des personnes est présentée au Prince celui -ci prononce en sa présence l'unique phrase de sa visite en imitant l'accent « équatorial » de Michel Leeb. JC Delhez rapporte la chose dans Arlon-Carrefour dont il peut composer seul les derniers éléments. Son patron lui fait remarquer calmement qu'on est dans la province la plus royaliste du pays (qu'elle n'a cependant pas été nécessairement en 1950, plusieurs provinces flamandes étant bien plus léopoldistes encore, notons-le en passant). A propos de l'usine « La cellulose des Ardennes », l'auteur explique le mérite de l'association Gaume-Environnement qui de manière bénévole et sans publicité permit l'abandon d'un procédé de fabrication au chlore très dangereux pour la santé des habitants. On est d'autant plus porté à le penser que JC Delhez est assez avare d'éloges (p.31).
Notables vains, autoritaires, corrompus...
La suite du livre est une longue énumération non pas précisément d' « affaires » en bonne et due forme, si l'on peut dire, mais la description minutieuse des travers de la politique locale dont JC Delhez, quand il les décrit et les commente brièvement ou les fustige par des formules est vraiment convaincant. Par exemple à propos d'Etalle, autre bourg important de la Gaume, il écrit de son bourgmestre : « Pour rester au pouvoir, c'est-à-dire empêcher les autres de vous mettre dehors, la méthode éprouvée veut qu'on les dégoûte, qu'on fasse le vide autour de soi, qu'on s'entoure de médiocres, de représentants de familles nombreuses pour capter les voix. »
En revanche à Arlon-Carrefour, le directeur Gaston Triffaux est évincé. L'auteur de ce livre en devient le directeur et engage une personne qui met en pages. L'occasion est donnée par une publicité gratuite et renouvelée en faveur d'ouvrages de son fils, Jean-Marie Triffaux, qui, lui-même, demeure au journal et y garde ses revenus. Le directeur d'Arlon-Carrefour reprend cependant tout son travail de correspondant arlonais quand il s'avère, après un article non signé du même Jean-Marie Triffaux qu'il est candidat sur la liste PS qui va se présenter aux élections communales. Il n'empêche que l'homme demeure en place, se fendant même un jour d'une attaque de l'ACIA, propriétaire d'Arlon-Carrefour, dans les colonnes mêmes de ce journal et cela pour plaire au bourgmestre Larcier... (pp. 52-53)
Apparaît alors le Musée Gaumais, son conseil d'administration dirigé d'une main de fer par Joseph Michel, « gloire des catholiques virtonnais ». Le directeur d'Arlon-Carrefour mèe alors une long travail de journaliste d'investigation et décide avec le président de L'ACIA de la publier dans le journal. Sentant le danger que cela représente pour JC Delhez notre ami Daniel Olivier lui propose de fonder un comité de soutien. Manifestement, c'est le plus beau « coup » de la carrière de journaliste. L'Avenir publie une réponse mettant en cause le directeur qui en publiant cette enquête dépassait la raison sociale du « journal des commerçants d'Arlon » comme l'appelait toujours le quotidien luxembourgeois. Derrière cette mise au point JC Delhez sent non seulement Joseph Michel mais également Guy Larcier et les notables catholiques en général. On n'en apprend pas tellement à cet endroit du livre mais on apprendra plus loin dans le livre que le conservateur du musée gaumais Constantin Chariot, alors que son musée a aussi en charge le site de Montauban lui fait payer par des moyens détournés le placement de panneaux indicateurs. Cela ne se découvrira qu'après une interpellation au conseil communal d'Etalle (le site de Montauban est sur la commune d'Etalle) (pp. 107-10). On apprendra aussi (p.114), que Constantin Chariot, assez bien payé à l'époque pour sa fonction de conservateur du Musée Gaumais n'y preste qu'un seul jour par semaine « consacré essentiellement à des activités de jouissance personnelle ».
Finalement, à la suite de longues péripéties, Jean-Claude Delhez, qui a défié le bourgmestre d'Arlon en ne publiant jamais plus une seule photo de lui dans le journal et en adoptant une ligne critique et non plus courtisane sera démissionné de son poste de directeur par le Conseil d'administration de l'ACIA en 2002.
On trouve aussi toute une série de considérations fondées sur des faits patents sur la presse des journalistes locaux (« Tintin fonctionnaire » pp. 85-90), le musée d'Arlon et la manière dont il fonctionne (pp.71-84), la manière dont très longtemps encore les notables politiques d'Arlon et de la province tenteront de se venger de Jean-Claude Delhez en retirant un soutien à la publication d'un de ses livres Cent cinquante de train en Luxembourg belge, éditions Weyrich, Neufchâteau, 2008 (« L'affaire du train », pp. 111-112), « La rénovation de la Maison Gaspar » (pp.81-82) etc.
Distances
Je ne suis pas fort d'accord avec la manière dont JC Delhez explique les dysfonctionnements de la politique locale (mais aussi sa vie économique et sociale et également culturelle), à partir de la « théorie du mâle dominant », même si la soif du pouvoir est à la racine de bien des comportements. Est-on absolument sûr ? N'y aurait-il pas aussi (couplée d'ailleurs avec cette volonté de dominer), la volonté chez maints élus de servir la région, de la voir se développer ? JC Delhez n'écarte d'ailleurs pas cette hypothèse.
Quant à l'autre théorie, celle des piliers, j'ai également des doutes. Le phénomène de la pilarisation (la « pilarisation ») est la complète organisation de la vie des citoyens belges en des mondes séparés - le monde le plus fort étant le monde chrétien et son concurrent principal le monde socialiste, le pilier libéral étant lui quand même plus faible. Il est vrai que cette manière d'agir ne favorise pas la démocratie dans la mesure où elle enrégimente les personnes dans des mondes dont il n'est pas aisé de sortir. Mais ne devrait-on pas écrire cela à l'imparfait ? Les piliers n'ont plus la force qu'ils ont pu avoir dans l'entre-deux-guerres et surtout dans les années d'après-guerre. En outre, on a pu montrer que le secteur associatif fort que représentent par exemple les mutuelles n'a pas nécessairement que des effets négatifs. Et le fort taux de syndicalisation en Belgique et particulièrement en Wallonie renvoie à un système de concertation sociale qui est une part de ce que l'on appelle la démocratie consociative. Simplement parce que cette notion apparaît dans un livre dont j'ai rendu compte je me permettrai de citer simplement ce que je résumais de la manière dont un historien flamand, Marnix Beyen, en dit dans Un autre Pays, Le Cri, Bruxelles, 2009 : « Le chapitre suivant auquel l'auteur [M.Beyen] se consacre est intitulé La résilience d'un Etat qui s'évapore. Il note la montée de la particratie : « Les gouvernements successifs utilise abondamment les moyens à leur disposition pour réduire l'influence du Parlement dans les processus législatifs. » (p. 154) Mais il nuance tout aussitôt cette remarque en notant que les partis dominent moins l'ensemble du champ politique dans la mesure où ils ne sont plus « l'âme » de ce qu'il appelle « organisations intermédiaires » ou « groupes de pression » (p. 155). Il écrit à propos des fameuses conversations de Poupehan, pour corroborer la perte d'influence des partis sur ces réseaux d'organisations intermédiaires et de groupes de pression : « Les partis, comme détenteurs du message idéologique, ne forment plus les noyaux manifestes d'un tel réseau. Dans la « démocratie consociationnelle » que constitue la Belgique, les élites syndicales, mutualistes et industrielles participent au pouvoir à part égale avec les élites des partis politiques. Les négociations discrètes, dans le village ardennais de Popupehan, entre le Premier ministre Wilfried Martens, le chef du syndicat chrétien Jef Houthuys, le chef de la banque BACOB (liée au mouvement ouvrier catholique), Hubert Detremmerie et le gouverneur de la Banque nationale Fons Verplaetse sont symptomatiques à cet égard. Entre 1982 et 1987, ces quatre personnes délibèrent régulièrement dans la maison de campagne de ce dernier, sur la stratégie à suivre pour convaincre le monde ouvrier catholique de la nécessité d'une politique néolibérale. » (p.156). Il reconnaît au même endroit la domination de la démocratie-chrétienne flamande sur l'ensemble de la vie politique belge, la courte expérience du gouvernement Leburton exceptée (1973-1974). C'est bien « la logique communautaire » souligne-t-il (p. 157), qui détermine la transformation des institutions belges, dans les partis dits communautaires ou dans les partis plus classiques. »3. François André a également montré en quoi le système belge induit du clientélisme 4. Mais il me semble que JC Delhez a tort de parler de fascisme, de totalitarisme, de contrôle de « la connaissance » par les médias (p.132), que le système des trois partis est « éternel » (p.130, il ne faut pas ignorer que depuis 1945, ce système a été ébranlé par les partis communautaires de 1965 à 1985 puis par les écologistes), , que le système des piliers ne suscite « aucun débat » (ibidem), alors que des décennies de vie politique ont été dominées par la volonté de rassembler les gens de gauche des différents piliers. On pourrait ajouter à cela que la réforme actuelle du paysage de l'enseignement supérieur entrepris ou proposé par JC Marcourt est clairement une tentative de dépasser un des aspects de la pilarisation, sa dimension scolaire. Il faudrait ajouter à toutes ces critiques le fait que le pays dont parle JC Delhez à partir d'Arlon et Virton, est aussi l'un des pays d'Europe occidentale qui s'est le plus profondément transformé sur le plan étatique d'Europe occidentale. On ne se doit pas d'oublier que l'Etat belge unitaire est en train de disparaître. Cela n'exclut pas que les forces politiques qui ont régné hier dans la Belgique toute entière ne cherchent as à se reproduire telles quelles dans les deux ou trois nouveaux morceaux du pays. Pourtant, en Flandre (avec les partis nationalistes qui y sont majoritaires) et à Bruxelles (avec le FDF et écolo), cette transformation a profondément modifié le paysage politique. En Wallonie, l'échéance de 2022, époque à laquelle la Wallonie ne pourra plus aussi largement bénéficier de la situation d'aujourd'hui au sein du système belge va mettre en cause l'une des institutions qui est le phare de ce livre, à savoir la province. Quant aux communes, l'évolution du pays qui engendre également des attentions médiatiquement plus marquées sur les régions amis sur la sellette (et comment !), les pratiques municipales tant à Liège qu'à Charleroi
L'intérêt de ce livre
Mes objections, je ne les développerai pas plus avant car l'intérêt de ce livre réside ailleurs, dans la peinture des mœurs humaines, le tragique même de notre condition qui apparaît bien dans ce livre dont on devrait faire un roman qui, tout en étant enraciné dans la Lorraine belge, aurait une dimension universelle. C'est la raison pour laquelle je me suis permis de commencer ce compte rendu en citant in extenso les deux premières pages du livre. Il y a là une dimension qu'il faudrait mettre en valeur et c'est la vanité de la comédie humaine. On la découvre de bout en bout du travail de Jean-Claude Delhez. Car c'est d'un grand travail qu'il s'agit là. On sent bien que cette personne a décidé de vouer sa vie à l'écriture et au témoignage. Cet auteur doit être mieux connu et soutenu. Le destin wallon, luxembourgeois, français de ce pays des trois frontières mérite d'être mieux connu de même que mériteraient d'être mieux connues ses richesses culturelles et ses ardeurs dont nous viennent tant de peintres, d'écrivains, de cinéastes, de poètes dont plusieurs de renommée nationale et même internationale, tant aussi de destins singuliers et qui interpellent comme par exemple celui de Baudhuin Simon dont la revue a un temps et justement pris la défense 5. Etrangement d'ailleurs, en refermant ce livre, on éprouve ceci que ce dont il est question ici n'a pas qu'un intérêt provincial. Il faut évidemment suivre et stigmatiser ce qu'ont parfois de « bêtement provinciales », les luttes de pouvoir, les mesquineries politiciennes dans leur détail concret. Mais sans être las cependant de se souvenir que chaque civilisation se caractérise « par une sorte de décision anonyme - orientation commune et défi collectif » et que la nôtre a choisi « de se définir par le risque de se fonder elle-même au lieu d'être organisée par l'architecture cosmique d'une intégration religieuse » 6 Nos compatriotes ne doivent pas avoir peur, comme le disait un formidable écrivain du Borinage, d'essayer « d'entrer en immensité ». 7
- 1. Jean-Claude Delhez Delhez, Service du livre Luxembourgeois
- 2. En vos titres et qualités
- 3. Critique : Un autre Pays (I) (Marnix Beyen & Philippe Destatte)
- 4. La particratie, handicap de l'idée wallonne
- 5. Baudhuin Simon est mort le 8 mars dernier
- 6. Michel de Certeau, La rupture instauratrice in La faiblesse de croire, Seuil, Paris collection Points, pp. 187-226, p. 208.
- 7. Marcel Moreau