EDITO: Tous les pays privés de légende sont condamnés à mourir de froid

17 octobre, 2010
L' "échec" des pourparlers avec la Flandre est aussi l'échec de la présidentocratie belgicaine francophone. Les Milquet (dernier slogan électoral L'union fait la force), les Javaux (jamais aussi fier que lorsqu'il parlait de ses bonnes relations avec Groen!), les Reynders, les Di Rupo (si heureux de prononcer, encore il y a peu, Sa Majesté le Roi), où nous ont-ils donc conduits? Nous ne dirons jamais à la manière poujadiste que ce sont des incapables. Au contraire et hélas! ce sont des gens de qualité. Mais quand on a mené une politique depuis si longtemps axée sur la répression du régionalisme wallon, quand on amène la Wallonie dans une situation aussi grave, on s'en va! Il faut que la scène politique soit nettoyée le plus vite possible de ceux qui sans mémoire et sans intelligence de la Wallonie ont sans cesse contribué à la répression de son identité et, en tout particulier, en la noyant dans un communautarisme francophone qui permet à la Flandre de pousser ses pions au détriment de la liberté de Bruxelles. Ce sont des hommes du passé.

Leur impéritie

Il y a quasiment 100 ans, Jules Destrée faisait voter par un Congrès wallon réuni à Liège le 7 juillet 1912, le voeu que la Wallonie soit séparée de la Flandre. Il y a 60 ans, la classe ouvrière et ses leaders à Liège allaient jusqu'à pouvoir envisager la constitution d'un gouvernement provisoire wallon 1. Il y a 50 ans, André Renard lançait le mot d'ordre du fédéralisme et des réformes de structure du haut du balcon de l'immeuble de la FGTB de Liège. En 1970, la Fondation André Renard publiait le programme d'un futur gouvernement wallon. La femme et les les hommes que nous accusons avaient, en plus de ce passé sur lequel auraient dû s'appuyer leurs ambitions wallonnes (et non pas francophones), hérité, en sus, d'un héritage autonomiste conséquent, très étendu, fruit des luttes d'un combat wallon opiniâtre - sauf que la Wallonie ne gérait ni sa culture ni son enseignement, situation à laquelle ils n'ont rien changé et qu'ils ont même aggravée par leur unitarisme et leur royalisme. On doit à la vérité de dire qu'ils n'ont guère montré d'enthousiasme pour la Wallonie. Et qu'ils n'ont rien fait non plus pour éliminer le dernier fossile de la Belgique unitaire, la Communauté française de Belgique. Qu'ils s'en aillent!Qu'ils s'en aillent! Les vrais adversaires de la Wallonie ne sont pas les Flamands, mais les meneurs de cette politique aveugle et couarde. La revue TOUDI que je dirige, dans la foulée du Manifeste pour la culture wallonne de 1983 se bat pour la liberté de la Wallonie et la République sociale. Vous trouverez ici même non pas des scoops sur les derniers développements de la situation politique, mais un ensemble d'archives (depuis 1987), parfois anciennes et aussi des analyses neuves qui montrent que nous avions mille fois raison de renier la Belgique! Parce c'est la Belgique qui, aujourd'hui, met la Wallonie en danger de mort. Loin d'être heureux de voir que les événements nous donnent raison, l'impéritie de nos dirigeants nous accablent de tristesse et de rage. Le peuple wallon doit maintenant trouver d'autres chefs que ces gens-là, une autre politique, un projet qui rejoint les grandes luttes de jadis dont l'extraordinaire enthousiasme du peuple français nous donne l'exemple aujourd'hui. Et, pour commencer, les véritables dirigeants de la Wallonie, au Parlement et au Gouvernement de Namur doivent parler en notre nom comme l'ont déjà fait si bien les bourgmestres de Namur et Charleroi! Comme le fait si bien la FGTB wallonne, la seule grande force sociale organisée qui ose élever le ton avec - quelle dérision pour nos dirigeants! - des gens courageux ici et là, comme le Professeur Quévit, comme nos amis Pirotte, Destatte, Klinkenberg... Et même comme le Lieutenant-colonel Luc Gennart le commandant de la base de Florennes. Il n'y a sans doute jamais eu autant de militants wallons en Wallonie et il n'y en a jamais eu si peu dans les entourages de la présidentocratie. Qu'ils s'en aillent! Qu'ils s'en aillent! Car tous les pays privés de légende sont condamnés à mourir de froid. Et qu'ils n'ont ni rêve, ni projet, ni perspectives.2

José Fontaine (ce 18 octobre 2010)

Une assemblée à Charleroi ce 22 novembre pour ne pas périr de froid!

(ajout de ce 10 novembre 2010)

Ajout de ce 8 mai 2011 à propos de la note 2 en bas de page sur la position de Magnette le 19 octobre

Il est curieux de lire ce revirement de P.Magnette à la lueur de ce qui s'est passé le dimanche 17. Voyez la note en bas de page n° 2. Qui contraste bien avec la réaction des partis francophones dès le 17 octobre :

La note du clarificateur est publiée sur le site Internet de "la Libre" et de la VRT le dimanche 17 octobre dans l'après-midi. Une demi-heure plus tard, le président du FDF Olivier Maingain, sans aucune concertation avec Didier Reynders, atomise le document de Bart de Wever. Le CDH réagit dans la foulée ainsi que le PS et Ecolo. Bart De Wever, qui pense avoir fait une note équilibrée, est stupéfait par la rapidité avec laquelle les francophones le démolissent. 3

  1. 1. Voyez Le gouvernement provisoire wallon de 1950
  2. 2. Paul Magnette dit maintenant (19/10/2010) que la note de Bart De Wever est acceptable à 90%!!!! Rien n'est changé au texte que j'ai publié hier, au-dessus de la page ACTUALITES et que je place ici dans les articles courants, sauf cette note que vous êtes en train de lire sur le revirement de ce matin de Paul Magnette, qui doit être une première en politique belge récente.
  3. 3. Martin Buxant, Francis Van De Woestijne, Les forçats de la rue de la loi, Brochure hors série publiée par La Libre Belgique (avec la collaboration de journalistes de De Morgen et de la RTBF), février 2011, p. 59.