Le mouvement wallon est-il (définitivement) vieux?
Assemblée du Mouvement du Manifeste Wallon (vue par TéléSambre) (cliquer).
Autant regarder les choses en face: le mouvement wallon n'a pas rajeuni. Mais il nous semble que ce n'est pas le mouvement wallon seul qui puisse être mis en cause par une telle constatation. Guy Spitaels a confié un jour à des familiers que seuls les syndicats et Greenpeace étaient encore à même d'ameuter les foules.
La présidentocratie trouve là un nouvel aliment à son règne de plus en plus sans partage.
Dans d'autres rassemblements politiques, les jeunes sont aussi absents.
Sauf ceux qui (légitimement), espèrent avoir un avenir en politique ou même (la remarque n'est pas insidieuse), peuvent s'identifier avec quelque chose qui va s'inscrire dans des carrières même si ce ne sera pas leur carrière à eux proprement dite.
Rien de tel pour un mouvement comme le Mouvement du Manifeste Wallon, évidemment. Qui est purement militant.
Il y a là certainement de quoi s'inquiéter surtout pour la Wallonie. Non pour la Wallonie de tous les jours qui poursuit son chemin, mais pour une Wallonie sans élites militantes de toutes les générations. Il n'est certainement pas dit non plus que la Wallonie n'intéresserait plus la jeunesse: le succès énorme de l'émission Ma Terre est là pour le prouver.
Comme le dit David Coppi, dans la crise politique actuelle, plus personne ne défile (voir Le Soir ci-dessus, en haut de cette page d'accueil): ni pour la Belgique, ni pour la Flandre, ni pour Bruxelles, ni pour la Wallonie.
Et pourtant l'avenir des gens qui habitent en Wallonie est terriblement impliqué dans les négociations actuelles. Deux historiens (les auteurs de l'Histoire de Belgique pour les Nuls), estimaient récemment dans Télémoustique que les cours sur les questions communautaires n'avaient jamais soulevé autant d'intérêt tant à l'université que dans d'autres écoles.
Même dans les couches les plus cultivées de la jeunesse, les questions communautaires - mais aussi les questions politiques en général - s'entourent d'un immense point d'interrogation.
On est frappé aussi de voir que ce sont des gens âgés qui émeuvent l'opinion: le succès énorme du livre de Michel Quévit (la lecture des comptes rendus de cette revue le prouve abondamment: aucune autre page n'est aussi visitée que celle qui concerne ses écrits), qui est professeur émérite, le Bourgmestre de Charleroi arrivé en fin de carrière comme celui de Namur, les personnes que l'on a vues à cette assemblée, une grande partie d'entre elles en tout cas (car l'assemblée n'était quand même pas aussi vieille que les images le font penser), deux anciens Premiers ministres wallons qui ont lutté pour que s'affirme la Wallonie en un temps où les choses étaient encore plus fragiles qu'aujourd'hui, les frères Happart etc.
En tant que Wallon convaincu on peut être durement interpellé par ces images, mais ce sont tous les Wallons qui devraient se sentir concernés, car finalement la Wallonie mourra si elle est une Wallonie sans jeunesse.
Et même si les militants ont toujours été une fraction infime du corps social, sans cette fraction le corps se fane.
Il n'y a plus de monde vécu dirait Habemas, c'est-à-dire de personnes qui loin du système bureaucratique et économique, même si elles y sont impliquées, inventent les nouvelles solutions que celui-ci, fort réduit à une sorte de machine est incapable d'inventer.
Qui va travailler à inventer (et à réinventer), la Wallonie?