Quand la Wallonie est en tête du peloton belge voire européen

Intervention de Monsieur Chr.NAPEN , représentant du ministre JC Marcourt
14 décembre, 2010

 

Intervention de Christian Nappen

MOUVEMENT DU MANIFESTE WALLON. CHARLEROI, Assemblée Ouverte du 22.11.10. Intervention de C.Nappen représentant JC Marcourt

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et si, enfin, les Wallons voulaient y croire.

Et s'ils étaient enfin en train de comprendre qu'il ne leur faut craindre ni certains chiffres ni certains mots.

Et s'ils étaient enfin convaincus que la région réussit à la Wallonie.

Et si les Wallons ressentaient désormais comme une envie de région, une envie de Wallonie, de plus de Wallonie.

Et si nous l'avions enfin cette légitime réaction d'orgueil, de fierté et de courage. Cette réaction collective comme le complément indispensable du nouvel essor économique de la Wallonie.

Pour cela, les Wallons ont fait un jour le choix de la région.

Et ils y réussissent. Nous réussissons.

C'est en Wallonie que la société -je dis bien :la société- s'est mobilisée autour d'un plan de relance qui engrange aujourd'hui les succès que méritait notre région.

C'est en Wallonie que l'on découvre désormais des entreprises performantes, innovatrices et créatrices d'emploi.

Tout le monde s'accorde à parler de projets rigoureusement gérés, de la naissance d'une nouvelle culture du travail en réseau, d'une nouvelle culture de la gouvernance, d'un lien enfin tangible entre la recherche et les entreprises, de moyens financiers engagés de manière cohérente.

 

 

La mobilisation dont nous parlons, c'est d'abord celle de nos pôles de compétitivité et, à l'intérieur de ceux-ci, le renforcement des liens entre tous les acteurs.

Une véritable culture d'ouverture est aujourd'hui une réalité entre les centres de recherche, les PME et les grandes entreprises.

Si ce sont les pouvoirs publics qui ont initié, encadré les pôles, ce sont les industriels qui les ont construits, qui les ont portés et c'est à ces derniers qu'il incombe de les gérer.

Jusqu'à présent, les pôles, ce sont des centaines d'entreprises, des universités, des hautes écoles, des centres de recherche et de formation.

Ces pôles, c'est véritablement la colonne vertébrale de l'économie wallonne de demain.

Nous n'aurions pas le temps de les évoquer tous ici ni surtout de procéder à l'énumération de leurs succès.

Limitons-nous à un exemple.

Certains ont souri quand, créant le pôle BIOWIN, le Gouvernement wallon s'est donné le projet ambitieux de devenir leader mondial dans les domaines du cancer, de l'inflammation et des maladies du cerveau d'ici à 2015.

Plus nous avançons et plus les sourires moqueurs disparaissent ou se crispent.

On ne dira jamais assez le rôle capital de la recherche biomédicale. Pour le bien-être des gens, évidemment, mais aussi, plus prosaïquement, en termes économiques.

 

En lançant BIOWIN, nous avons placé la barre assez haut. Et c'était fondé.

Et c'est fondé quand, et ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres, une spin off wallonne est en passe de trouver un palliatif à la greffe du foie par un travail brillant sur les cellules souches.

La Wallonie est aujourd'hui, au regard de sa taille, le premier acteur biomédical au monde avec des entreprises comme BAXTER, UCB, GSK, JOHNSON&JOHNSON, pour prendre des poids lourds mondiaux, mais aussi au travers de PME pointues.

Les PME sont des acteurs essentiels du développement de la Wallonie. On aurait toutefois tort de limiter la vision de notre activité économique à celles-ci.

L'activité économique, en Wallonie, c'est aussi le choix qui a été fait par de grands groupes internationaux de s'y implanter.

La Wallonie a ainsi gagné, ces derniers temps, la confiance de sociétés comme GOOGLE, MICROSOFT, H&M, COOPER VISION, pour ne citer que celles-là.

Et ce n'est pas tout.

Il y a aussi les entreprises qui ont une histoire, une histoire wallonne et qui, aujourd'hui, s'inscrivent dans la modernité, je dirais même l'avant-garde.

CARMEUSE. PRAYON qui vient de mettre au point un système de cogénération unique sur le marché.

 

Des indices chiffrés qui émanent de sources non suspectes de complaisance confirment notre bonne santé économique. Ceci se traduit notamment à travers le nombre de nouveaux investissements étrangers dans notre région.

C'est ce qui ressort également d'études récentes.

IBM précise : « ....si les résultats de l'année 2009 ont été impactés par la crise internationale, ...fait remarquable, la part de marché de la Wallonie dans les investissements étrangers s'améliore d'années en années. La diminution structurelle d'investissement constatée en 2009 touche essentiellement la Flandre, alors que la Wallonie semble relativement stable. La Wallonie a même attiré presque autant de projets que la Flandre en 2009 : 67 contre 78. Ce résultat est pour le moins inhabituel : antérieurement, la Flandre attirait annuellement presque deux fois plus d'investissements étrangers que la Wallonie. La création de nouveaux emplois se situe à plus de 2.800 en Flandre et plus de 2.000 en Wallonie. Bruxelles accueille 37 projets, qui représentent plus de 400 emplois. »

  • Ernst & Young souligne, ouvrez les guillemets, « les excellents résultats de la Wallonie et constate que sur une période de cinq ans, la part de la Flandre dans les investissements étrangers ne cesse de reculer.

En résumé, nous pouvons dire que la Flandre et Bruxelles enregistrent leurs plus mauvais scores, tandis que la Wallonie atteint un niveau record. »

Analysant le potentiel en matière de logistique, le cabinet d'étude Cushman-Wakefield a placé Liège en tête des régions d'Europe. Alors que le Financial Times a classé la Wallonie au 6e rang, sur 140, des régions d'Europe en termes d'attractivité des investissements étrangers. Une étude qui confirmait celle de l'OCDE, publiée en 2008, qui mettait la Wallonie sur la première marche du podium national, devant la Flandre et Bruxelles.

Nos atouts sont désormais reconnus, même par les Wallons qui n'ont pas toujours été les plus faciles à convaincre. Ces atouts sont indéniables. Mais ça ne suffit pas. Il faut les entretenir et développer une vision d'avenir.

La Commission Zénobe avait, il y a peu, et à l'initiative de Jean-Claude MARCOURT pointé trois priorités transversales : « l'adaptation des politiques, des contenus et des outils d'enseignement et de culture à la réalité wallonne, la facilitation d'une appropriation par les jeunes de leur identité wallonne, une plus grande internationalisation des pratiques éducatives ainsi que la promotion énergique de la culture de l'innovation ».

C'est dans cet esprit également qu'il a voulu construire le programme CREATIVE WALLONIA lequel a l'ambition d'entraîner le plus grand nombre possible de nos citoyens dans une dynamique innovante basée, notamment sur la formation transdisciplinaire, sur l'observation des tendances, sur l'accès des PME au marché des idées et sur la mobilisation de moyens financiers nouveaux. 1 Ou encore de la Banque Natixis 2

 

Le programme CREATIVE WALLONIA est une donnée essentielle pour ce qui concerne le succès économique de la Wallonie qui passera, immanquablement par la créativité et l'innovation.

C'est la réponse la plus adéquate dans le contexte d'une économie globale, ouverte et en mutation constante.

 

Soyons désormais convaincus de deux choses.

La première, c'est qu'aujourd'hui la globalisation n'est plus à envisager dans sa seule dimension géographique mais que son ressort véritable est temporel puisqu'il s'agit, ni plus ni moins, de l'instantanéité.

La seconde, c'est que nous savons désormais que l'innovation est moins invention ou découverte que transformation d'opportunités en idées nouvelles et exploitations du changement comme opportunités.

Vous l'aurez compris, il nous faut rompre avec une vision purement R&D de l'innovation. Le laboratoire demeure, c'est une évidence, un lieu important, mais l'innovation ne saurait plus y être cantonnée.

 

 

Dans un contexte où les marchés se renouvellent en permanence, où apparaissent constamment de nouveaux acteurs et où on exige désormais des entreprises une capacité de régénération continue, la région apparaît comme l'unité territoriale idéale pour relever le défi de l'innovation.

 

Dire que nous sommes à la croisée des chemins relève aujourd'hui de l'euphémisme. Quel est l'avenir de la Belgique fédérale si tant est qu'une majorité de nos voisins du nord veuille encore lui en donner un ? Mystère. Ceux qui ont été au cœur des négociations ces derniers mois et plus encore ces dernières semaines, notamment au sein du groupe chargé de plancher sur la loi de financement, nous ont quelquefois fait l'aveu qu'ils n'en savaient plus rien.

Le pays est aujourd'hui bloqué à cause de l'incapacité -ou de la volonté - de certains à conclure un accord respectueux de chacun. La réalité institutionnelle de ce pays est un phénomène évolutif. Il y a longtemps que nous ne croyons plus à une ultime réforme de l'Etat. Il faut donc savoir faire des pas plutôt que rêver au grand soir. Sauf si... Mais alors qu'ils le disent !

 

 

La seule chose dont on puisse être convaincu, c'est que l'avenir et les conditions qui doivent assurer notre prospérité et la qualité de vie collective des citoyens, ce sont les régions, et la Wallonie, qui l'assureront.

« Nous ne sommes pas contre les Flamands mais nous sommes pour la Wallonie. C'est clair. Et nul ne te sauvera si tu ne te sauves pas toi-même, c'est un principe aussi vieux que le monde » disait, André Renard, le 17 novembre 1960.

 

Tout est désormais en place pour que vive et réussisse la Wallonie et, est-il encore utile de le préciser, ceci est une nécessité. Mais cette nécessité dépend du peuple de Wallonie, des femmes et des hommes qui y vivent. Qui y entreprennent et qui y travaillent. Qui y cherchent et qui y trouvent. Qui ont envie que chacun y ait sa place et sa dignité.

Il faut pour cela que nous ayons confiance en nos moyens, en nos talents, en nos capacités. Que nous ayons la volonté absolue de rester debout et que nous ayons, collectivement, l'ambition de réussir, c'est-à-dire que nous mettions nos énergies en commun au service d'un projet commun. Et je pense ici, plus spécifiquement, aux forces économico-sociales, aux interlocuteurs sociaux, de notre région. Il nous faut un new-deal social pour réussir ce printemps.

 

Longtemps, par peur de l'inconnu, trop de Wallons ont eu peur de plus de Wallonie.

Il est fini ce temps où nous négociions le dos au mur, contraints de concéder plus de régionalisation.

Aujourd'hui, au contraire, nous revendiquons plus de régionalisation.

Il nous faut plus de Wallonie et mieux de Wallonie.

Dire que ce sera simple serait mentir. Nos atouts et nos succès ne peuvent en rien masquer les difficultés qui subsistent.

Mais aujourd'hui, les conditions d'un nouvel essor économique de la Wallonie sont réunies pour une Wallonie en marche et debout.

 


  1. 1. Voir aussi d'autres données publiées dans La Libre Belgique
  2. 2. Banque Natixis