Une discussion sur le rattachisme

Toudi mensuel n°47-48, juin 2002

Ce qui suit est la simple retranscription, annoncée en couverture, des dialogues que nous avons sur le Forum de TOUDI. Je n'ai rien changé aux réponses de mes partenaires mais abrégé les miennes et supprimé l'une d'entre elles, ce qui ne nuit pas à la compréhension des choses. On verra que ce Forum permet d'aller en profondeur. [JF]

Le thème proposé était:

La Flandre a atteint ses objectifs (et restera en Belgique) pas la Wallonie (proposé à partir du 10 juin)

JOSÉ FONTAINE (directeur de TOUDI)

L'interview de Peter Vandermeersch dans Le Soir d'aujourd'hui (10 juin) indique que la Flandre a atteint ses objectifs: dans la partie flamande du pays, on ne se réfère plus qu'à la Flandre, la monarchie et la Belgique passant au second plan à un tel point que leur existence ne dérange plus. On va laisser la Belgique s'évaporer. Mais manifestement on n'est pas pressé. Il n'y a pas en Flandre de plan de démantèlement de la Belgique. Les choses avanceront bien toutes seules et cela prendra encore une ou des dizaines d'années, tel est le vrai horizon flamand.

La Flandre ne prendra pas son indépendance ni à court ni à moyen terme, la Belgique telle qu'elle disparaît lentement lui convient. J'ai toujours accueilli avec le plus grand scepticisme le calcul de trop d'autonomistes wallons attendant de la Flandre qu'elle fasse leur travail en défaisant la Belgique. Un peuple doit se construire lui-même, c'est cela la République.

Pour la Wallonie, il y a un noyau belge francophone qui n'a été que partiellement entamé et dont le centre de Bruxelles de la RTBF, le Palais royal, quelques vieilles gloires de l'ancienne bourgeoisie francophone comme Davignon, bien entendu la Communauté française, demeurent les résidus, mais bien vivants et actifs.

Ce noyau belge, soit consciemment, soit inconsciemment, empêche que la Wallonie soit un véritable espace public se prenant en charge car ce noyau tire la légitimité politique, sociale et culturelle dans le sens d'une Belgique francophone pouvant s'accommoder de la situation actuelle. Malheureusement, il y a des gens de gauche qui jouent aussi ce jeu. Il est étonnant que le récent sondage en Flandre sur la régionalisation de la Sécurité sociale ait été tu par la RTBF (mardi ou mercredi passé) qui reprenait par contre à grands fracas les exigences d'une certaine FGTB en faveur du maintien de l'unité de la Sécurité sociale, en fait du maintien de l'unité nationale.

La scission de la Sécurité sociale, la régionalisation de la SNCB sont évidemment pour demain mais pas une indépendance de la Flandre qui entraînerait automatiquement celle de la Wallonie ou sa réunion à la France.

Nous devons lutter pour être reconnus comme nation en jetant par-dessus bord la monarchie, la RTBF, la Communauté française et les copains de Davignon. C'est une condition nécessaire et pas suffisante. Les combats de la gauche ne peuvent pas aboutir dans une nation wallonne en semi-dépendance à l'égard de la Belgique francophone bien plus que de la Flandre. Cela ne veut pas dire qu'ils aboutiront dans une Wallonie indépendante. Mais c'est un pas qu'il faut franchir.

STÉPHANE DELATTE (lecteur de Bruxelles)

Cela devait arriver tôt ou tard. C'est le scénario catastrophe que je redoutais et qui plongera les francophones de ce pays - donc Wallons compris - dans le néant pour deux ou trois générations, et peut-être à jamais. A lire les propos - particulièrement ambigus par ailleurs, ce qui me rassure quelque peu - de Peter Vandermeersch, la Flandre ne voit aucune utilité à jeter à bas ce qu'il reste de la «Belgique», car elle a obtenu (presque) tout ce qu'elle voulait: une Flandre maîtresse de son destin et le contrôle quasi total de l'Etat (con)fédéral. Et quand on sait que de leur côté, les francophones restent très attachés à cette chimère qui pour eux s'appelle «Belgique», on se dit que dans ces conditions, on n'est pas près d'en voir la fin. Le malheur, c'est que dans ces circonstances, je ne donne pas cher de la survie des francophones dans une «nouvelle Belgique confédérale flamandisée», où il seront inexistants sur les plans économique, politique, linguistique (surtout si les Wallons se remettent à «patoiser», comme certains semblent le souhaiter...), culturel, et forcés d'adopter la langue et la culture de leurs maîtres. Un peu comme les Flamands au XIXe siècle dans la «Belgique de papa». Le temps joue contre la Wallonie, et il lui est compté. Si elle ne se prend pas rapidement en main, il sera bientôt trop tard. Même dans un cadre confédéral, elle ne sera, si elle y reste, qu'un État fantoche, entièrement soumis à la Flandre, et que celle-ci diluera peu à peu (car la Wallonie est soluble dans la confédération belge) : elle deviendra très rapidement une sorte de Mandchoukouo des bords de Meuse. La «Belgique» ne s'évapore pas, elle s'anamorphose, c'est-à-dire qu'elle se dissimule sous une forme qu'on ne perçoit pas immédiatement si on l'observe sous un mauvais angle, l'angle francophone. Et je ne crois pas que j'exagère (il y a des signes avant-coureurs, comme ces écoles wallonnes qui dispensent leurs enseignements en néerlandais - l'inverse n'existant évidemment pas : je ne considère pas que l'apprentissage d'une langue passe par le renoncement total à sa propre culture...). Si ce que dit Vandermeersch est vrai (heureusement, j'ai un doute, tant ses propos me semblent faussement modérés, à destination des lecteurs du «Soir»...), il y a vraiment péril en la demeure. Et urgence....de se tourner résolument vers la France.

PABLO SARACHAGA (de Fléron, défenseur du wallon)

Je ne crois pas que ce soit un scénario catastrophe; au contraire, ça permettra de pouvoir se prendre en main nous mêmes, et nons pas comme les défaitistes le voudraient «attendre que la Flandre nous donne l'indépendance».

Si on regarde un peu en arrière, on peut voir que les différentes avancées autonomistes l'ont été de par la volonté de la Wallonie de s'affranchir, l'élan s'est un peu ralenti dernièrement, certains prétendant qu'il n'était plus nécessaire, qu'il suffisait de laisser faire la Flandre.

Une Flandre qui voudrait rester belge est au contraire un formidable argument pour l'autonomie wallonne. Je ne considère pas ça comme une mauvaise nouvelle, non, le pire c'est une indépendance de la Flandre qui nous laisserait dans un Belgique résiduelle.

Enfin, croyez-vous vraiment que si la Wallonie gagne son indépendance de par sa seule force elle irait se jeter de suite dans les bras de la France?

Je ne le crois pas; l'hypothèse du rattachement à la France repose sur l'idée d'une incapacité wallonne a s'autogérer; dans cette optique le meilleur scénario est celui d'une Wallonie amorphe et d'une Flandre prenant son indépendance, abandonnant la Wallonie qui alors se tournerait vers la France; et le pire scénario est celui d'une Flandre ne voulant pas l'indépendance, ce qui contraindrait la Wallonie à se prendre en main et a s'émanciper, rendant plus qu'improbable la solution réunionniste.

PS: Vous dites «Je ne considère pas que l'apprentissage d'une langue passe par le renoncement total à sa propre culture», et dans le même texte vous tournez en ridicule la langue wallonne; n'y a-t-il pas là une certaine contradiction?

JOSÉ FONTAINE

Cher Stéphane Delatte,

Marie-France Jarbinet a écrit dans un précédent message:

«Dans ce forum et dans le nôtre,la discussion sur le rattachisme, l'identité wallonne, est très intéressante.Je n'avais jamais songé un instant, par exemple, que certains pouvaient juger les rattachistes comme traîtres à la Wallonie. Et pourtant, il y en a. Leur raisonnement est court et peu argumenté mais si c'est ainsi qu'ils vivent la réunion à la France, il faut que les rattachistes se posent la question de savoir ce qui dans leur discours permet ce genre d'interprétation; d'où l'obligation de recadrer régulièrement le projet.»

J'ai le devoir de répondre à cette question.

Évidemment, je ne juge pas les rattachistes comme des traîtres à la Wallonie mais votre raisonnement prouve que votre confiance dans la Wallonie et les Wallons tend vers zéro.

En effet si notre sort est suspendu à une décision flamande de rompre avec la Belgique, décision qui seule nous permettrait de glisser sans coup férir en France, seul salut envisageable, alors que sommes-nous?

RIEN.

Comme le dit une partie de la Flandre d'ailleurs.

Voilà sans doute fondamentalement ce qui, chez les réunionnistes, heurte beaucoup de Wallons et pas seulement les militants indépendantistes.

Je parle ici infiniment plus franchement que d'habitude. Parce que c'est le moment ou jamais de le dire sans heurter.

La leçon de choses universelle que nous donne l'Histoire, pour tout groupe menacé, n'est-elle pas au contraire de regagner l'estime de soi? Et les Wallons n'ont-ils pas quelques bonnes raisons d'espérer la reconquérir?

Les Wallons qui l'ont perdue!

Car je pense que la majorité des Wallons gardent l'estime d'eux-mêmes et rejettent, pour cette raison, une solution comme le rattachisme qui semble bien tabler sur leur foncière nullité.

Est-il si étonnant que beaucoup de Wallons qui, éventuellement, aimeraient bien être français (ce qui se comprend, je dirais, «sur le papier» ou «dans l'absolu» car la France est quelque chose de très considérable), ne goûtent guère que cette solution leur soit présentée au motif qu'ils sont des ratés par essence?

Est-il si étonnant aussi que des Wallons, au départ francophiles, en viennent à haîr cette propension francophile se nourrissant du mépris qu'on a d'eux?

MARC PHILIPPE (de la région de Huy militant du RWF-RBF)

Mettons les choses au point : il n'est pas question d'attendre que les Flamands choisissent la solution qui leur plaira quant à l'avenir de la Belgique. Les Wallons doivent refuser la solution tant fédérale que confédérale car elle leur est nuisible. Les Wallons doivent donc sortir de Belgique VOLONTAIREMENT. Si les Flamands y contribuent, ils sont des alliés objectifs. S'ils imposent une solution confédérale, il faut s'y opposer et y résister.

Remarque à M. Sarachaga: vous raisonnez comme si les Français étaient étrangers aux Wallons (votre expression «aller se jeter dans les bras de...» est symptomatique). Pour les réunionnistes/rattachistes, sachez que nous ne voyons pas très bien pourquoi des Français iraient se jeter dans les bras d'autres Français. Pour nous, les Wallons font partie de la diversité française.

HERMAN (Wallon du Westhoek)

D'abord se désunir ... pour mieux se réunir ensuite ... que le gouvernement Wallon se dépêche de vider la coquille «communauté Française» ... et vive les États-Onis de Belgique ... précurseur s des États-Unis d'Europe !

Bien à Vous, Herman

PABLO SARACHAGA

La France n'est peut-être pas étrangère aux Wallons; par contre la Wallonie est étrangère à la France.

C'est incontestable.

Bien sûr il y a des exceptions, mais dans leur très grande majorité les Français, et ce qui est plus grave, leurs institutions politiques et culturelles, ainsi que leurs médias, ignorent superbement la Wallonie; pour eux il n'y a pas de Wallons, il n'y a que des Belges.

C'est pourquoi je ne pourrai jamais souscrire à un projet politique qui se base uniquement sur le fait d'avoir en commun la langue française; ce n'est pas suffisant (pourquoi est-ce que le fait d'être francophones justifierait le rattachement à la France, plutôt que le rattachement à la Suisse ou au Sénégal?), et surtout, ça ne fait que reproduire le discours belgicain de négation de la Wallonie.

Je pourrais reconsidérer l'option réunionniste le jour ou la France considérera la Wallonie comme elle considère le Québec, pas avant.

Je ne veux pas faire partie d'une France qui a plus de considération pour les francophones monarchistes et belgicains que pour les Wallons.

Ça changera peut-être à l'avenir, et alors je pourrais revoir ma position; mais pour l'instant je suis plutôt déçu de la France sur ce point; et pourtant il lui fut demandé d'aider la Wallonie, et elle a refusé, préférant dans sa realpolitik de soutenir l'État belge; je peux le comprendre, c'est sans doute (ou c'était) plus avantageux pour l'État français; mais je ne puis y adhérer.

STEPHANE DELATTE

Je me doutais bien que je heurterais certaines personnes sur ce forum avec mon message précédent. Ce n'était cependant pas le but. Il ne s'agissait pas non plus d'une analyse ou d'un raisonnement mais plutôt d'une constatation: si d'un côté les Flamands renoncent à rompre avec la «Belgique» et que de l'autre, les Wallons (et les Bruxellois) s'y accrochent, par habitude, par conformisme, par nonchalance même, ou parce qu'ils croient que la «Belgique» est encore leur pays - et cela en dépit du plus élémentaire bon sens et alors qu'elle menace au contraire leurs intérêts les plus vitaux (la gestion de la crise de la sidérurgie n'a-t-elle pas été suffisamment éclairante ?) -, qu'ils font d'un Di Rupo l'homme le plus populaire de Wallonie, lui qui ne manque jamais une occasion de déclarer qu'il faut empêcher la «Belgique» d'éclater et que «sauver la Wallonie, c'est sauver la Belgique», alors on peut effectivement se demander où nous allons et ce que nous voulons. Non, José Fontaine, ce n'est pas que je n'aie pas confiance en la Wallonie et les Wallons, mais je remarque qu'ils ont souvent besoin d'un bon coup de pied au c... pour avancer. Et en cela, je trouve qu'ils sont très Français dans leur comportement: on se mobilise quand la situation devient critique, et ensuite on se repose sur les acquis, en attendant la prochaine crise, et ainsi de suite. Est-ce un hasard si la France a connu quatre révolutions et dix-sept constitutions, si elle s'est levée en masse contre Le Pen, si plus trivialement mais non moins significativement, son équipe de football s'effondre dans un désastre d'une ampleur digne de la retraite de Russie ou de Waterloo après avoir conquis le monde? Même la défaite devait être grandiose. Est-ce un hasard si les Wallons se sont mobilisés en 1940-45 (occupation), 1950 (question royale), 1960 (loi unique) et je pose dès lors la question : maintenant que la majorité des Wallons se sent protégée par les structures fédérales de la «Belgique» (qui ne sont qu'un dangereux leurre), où sont vos Wallons de 1945, de 1950, de 1960 ? Où sont les indépendantistes ? Où est la presse wallonne ? Où sont les médias ? Où en est le débat politique ? Où est la société civile ? Où sont les masses wallonnes qui s'élèvent contre la RTBF, la Communauté française, la monarchie ? Pensez-vous sincèrement que dans un tel contexte, les Wallons feront spontanément la démarche de sortir du condéféralisme belge, qui pourtant les étouffe et les tue à petit feu ? Les Wallons, comme les Français, ont besoin d'un catalyseur pour se mobiliser, et quand ils sont en marche, on ne les arrête plus, jusqu'à la station suivante. Cette façon de procéder est évidemment différente de la manière anglo-saxonne ou flamande, où l'on avance lentement mais sans jamais désemparer.

Chaque mois, je reçois le bulletin de liaison de Wallonie-Libre, que je lis toujours avec intérêt, et chaque mois je me fais la même réflexion: ce mouvement a été fondé le 18 juin ...1940, dans des circonstances exceptionnelles, cela fait donc soixante-deux ans (!), et depuis on y lit toujours les mêmes slogans, les mêmes articles, les mêmes rengaines, mais quel chemin a concrètement été parcouru depuis soixante-deux ans? J'ai même l'impression qu'on est moins loin maintenant dans la voie de l'émancipation de la Wallonie qu'on ne l'était à l'époque, malgré la régionalisation qui est intervenue depuis (et qui a surtout été mise en place pour éviter que la «Belgique» n'éclate, comme vous le savez, et sur ce point, c'est un succès total...). Voilà ce que je voulais dire dans mon message précédent: si les Flamands renoncent à prendre le large, il faudra deux générations aux Wallons pour atteindre la température d'éclat, comme disent les pompiers.

En réponse maintenant à Monsieur Sarachaga : vous dites, à juste titre, que la France ignore, d'une manière très générale, la Wallonie. Vous avez raison, mais cela est tout à fait logique. Je me permets de vous renvoyer à un de mes messages antérieurs, où je vous disais que la France est avant tout un projet politique, une nation politique, et qu'on ne peut y être à moitié. Ou on est dedans ou on n'y est pas, et si on n'y est pas, on ne participe évidemment pas au débat qui y a lieu et on ne bénéficie pas non plus de la solidarité républicaine. À quel titre, en effet, la France interviendrait-elle de quelque manière que ce soit en Wallonie si les Wallons eux-mêmes ne l'invitent pas à le faire? Et la Wallonie, jusqu'à nouvel ordre, n'est pas un Etat souverain, n'est pas sujet de droit international. La France s'en tient donc à son égard à un strict respect du droit international et pour elle il n'y a que des Belges, dans l'état actuel des choses. Vous me direz que son attitude est moins frileuse et moins légaliste à l'égard du Québec. Cela tient sans doute à un contexte historique et sociologique différent : 1) le Canada est encore perçu dans l'imaginaire français comme ces Anglais qui ont fait main basse sur la Nouvelle France en 1763 ; 2) le Québec, en lutte contre l' « establishment » anglais depuis deux siècles a une visibilité internationale et francophone beaucoup plus forte que la Wallonie et les francophones de «Belgique » qui, eux, sont encore assimilés - à tort actuellement - à la classe dirigeante du pays ; 3) il n'est pas et il ne sera jamais question de rattacher le Québec à la France et d'en faire des départements d'outre-mer: cela laisse les coudées plus franches à la France et cela permet au général de Gaulle de crier « Vive le Québec libre!», chose totalement impensable à Liège ou en « Belgique » francophone, par exemple, où la France y serait immédiatement accusée d'impérialisme, sans compter que ce discours y aurait un succès dont les effets deviendraient vite incontrôlables (ce serait le fameux catalyseur dont je parlais ci-dessus - le Roi Baudouin le savait bien, qui n'a jamais invité de Gaulle en visite officielle) ; 4) le Québec a déjà organisé deux référendums d'auto-détermination sur son devenir, ce qui est très important pour l'affirmation de son image : à quand ce type de référendum en Wallonie? Juridiquement, cette pauvre Wallonie « belge », que certains voient comme un État souverain, n'en a même pas la possibilité.

Deuxième point : au risque de me répéter, disons encore une fois que le projet rattachiste n'a rien à voir avec une quelconque affinité ethnique ou linguistique, mais qu'il procède d'un projet politique « national » et républicain où tout le monde est le bienvenu, pour autant que les valeurs communes de base soient partagées. Il se trouve que ce projet politique est porté par la France, et pas par la Suisse ou le Sénégal, qui sont néanmoins les bienvenus s'ils le souhaitent. Franchement, je ne vois pas ce qu'il y a de belgicain là-dedans : le réunionnisme est exactement aux antipodes du belgicanisme.

Dernier point : je ne vois pas où je me serais contredit dans mes propos sur l'apprentissage des langues. La langue française est la langue de communication des Wallons depuis longtemps et même si certains on dû l'apprendre jadis, je ne vois pas en quoi cela les obligeait à renier leur culture, d'autant moins que celle-ci procède et est partie intégrante de la culture française (dois-je vous rappeler les chroniqueurs hennuyers du Moyen Age qui ont contribué à faire de la langue française ce qu'elle est aujourd'hui...). À moins évidemment que vous ne limitiez la culture wallonne aux parlers de village.... J'ai quant à moi, contrairement à ce que vous pouvez peut-être penser, une autre idée de la Wallonie...

ANDRÉ DUMOULIN (professeur, Wallon résident au Panama)

J'approuve les interventions de José Fontaine, de Pablo Saratxaga et de X. Herman, bien que cette dernière soit sur une autre longueur d'onde.

La Wallonie ne me paraît pas sur un chemin de perdition, mais en phase de récupération.

Le cadre fédéral ou confédéral Belge lui convient mieux que la Belgique Unitaire.

Mais en tous cas, la ligne de pensée de Pablo est très pertinente et mérite d'être suivie. Si cette ligne était une plate-forme politique....je la soutiendrais.

Stéphane Delatte et Marc Philippe raisonnent très logiquement du point de vue de la France. Mais nous ne sommes pas en France et nous ne voudrions pas y entrer, nous l'aimons bien avec une certaine distance.