Le Royaume de Belgique et le Royaume de Dieu
Le Royaume de Belgique et le Royaume de Dieu signé par des chrétiens progressistes est publié en sa version abrégée dans La Libre Belgique de ce 26 mai , et pose quelques questions redoutables. Il me semble qu'il faut le critiquer radicalement. Avant de le faire, on ne peut s'empêcher de saluer la performance d'une démarche commune aux Flamands et aux Francophones (et par des Wallons ? Cela je ne sais pas s'il faut le dire, je m'en expliquerai plus loin : mon sentiment, c'est que ce sont des Flamands qui ont pris l'initiative de cette démarche), sur des sujets aussi délicats. Cependant, il peut sembler parfois que la manière de rédiger ce texte a été aussi une façon de prouver que la Belgique ne marchait pas du tout.
Ce texte est signé par Ignace Berten, théologien dominicain ?Jean-Claude Brau, aumônier du MOC, ?Édouard Brion, du Mouvement Chrétien pour la Paix ?Ward Ceyssens, Pastor KWB ?Pierre Collet, secrétaire du réseau PAVÉS, ?René Dardenne, de SONALUX, ?Paul De Witte, voorzitter Basisbeweging ?François Houtart, du CETRI ?Jaak Kerkhofs, coördinator Vlaamse Priester Arbeiders, ?Jozef Mampuys, Christenen voor het Socialisme, ?Pierre Mayence, prêtre ?Jan Soetewey, Christenen voor het Socialisme ?Pros Vandebroek, directeur d'enseignement secondaire ?Elke Vandeperre, coördinator v.z.w. Motief ?Gisèle Vandercammen, de la coordination des Communautés de Base, ?Jean-Paul Vermassen, algemeen pastor ACW?Remi Verwimp, coördinator Werkplaats voor Theologie en Maatschappij (WTM)
Il est plus juste de partir de la version longue du texte 1 plutôt que de celle publiée dans La Libre Belgique.
Une vraie méconnaissance de l'histoire
Les signataires commencent par dire :
Ces dernières années la problématique communautaire a fait couler beaucoup d'encre, d'images et de paroles. Faut-il maintenir la Belgique sous sa forme actuelle? Devons-nous construire une nouvelle Belgique?
C'est une erreur. S'agit-il vraiment des « dernières années » ? Même la RTBF, récemment, en collaboration avec la VRT, proposait un documentaire sur ces questions remontant à 1944 et la Libération. Il fallait bien commencer par quelque chose, mais le documentaire RTBF-VRT (ce qui est aussi une performance à signaler), partait de cette année-là en laissant sous-entendre que tout le monde en Belgique avait accueilli la Libération d'un seul cœur d'Ostende à Arlon. C'était commencer par une sorte d'âge d'or, mais d'un or un peu plaqué.
Admettons que, le jour de la Libération, il y ait eu une unanimité belge. Cela se conçoit aisément. Mais c'est oublier à quel point la Belgique s'est profondément déchirée pendant la guerre et d'abord au début de celle-ci à la bataille de la Lys2, l'opposition des Wallons et des Flamands étant radicale dans la façon d'envisager la guerre qui venait. Et cela en raison d'une guerre vécue également de manière différente en 1914-1918 3. Certes, on vient de faire appel ici à de la recherche historique de pointe, mais il le faut dans la mesure où l'on pourrait, au-delà de la première guerre, voir que l'opposition dite communautaire s'enracine plus profondément encore dans notre histoire, est d'une complexité telle qu'il vaut mieux abandonner les simplismes, une fois pour toutes, si cela était possible ! (mais je sais que c'est un vœu pieux).
Parmi ces simplismes, il y a l'idée que se préoccuper des questions institutionnelles, c'est, disent nos amis chrétiens de Le Royaume de Belgique et le Royaume de Dieu , ne pas s'occuper des « vraies préoccupations des gens ». Pourtant, à voir la profondeur, la complexité, le caractère finalement tragique des divisions belges, peut-on vraiment dire que ce ne serait pas une « vraie » préoccupation. Dont je dirais que « les gens » (vocabulaire de Milquet) bien entendu peuvent ne pas se préoccuper , mais des citoyens ? Les signataires du texte affirment d'emblée que ces questions ne sont pas pour eux une « priorité première ». Et que leur priorité première c'est « de veiller à ce que les pauvres et les opprimés accèdent pleinement à leurs droits ». Qui n'y souscrirait ? Mais n'est-ce pas aussi une façon de botter en touche ? Parce que, qui peut vraiment s'opposer à une telle hiérarchie des priorités ? Cependant, être un citoyen vigilant de l'Etat dont on est le ressortissant, n'est-ce pas aussi quelque chose de « premier » ou de fondamental ?
Flamands et Wallons s'ignorent aujourd'hui ? Après s'être vraiment connus avant ?
Cette réflexion sur le Royaume de Dieu et le Royaume de Belgique énonce également cette vérité première des médias actuels selon lesquels les deux communautés s'éloignent l'une de l'autre et s'ignorent de plus en plus. Rien n'est plus douteux que cette vérité sans cesse assénée, on ne sait pourquoi. Car peut-on dire que Flamands et Wallons se connaissaient vraiment mieux, par exemple en 1930 ? Ce n'est pas l'impression que donne justement l'article de Thibaud Naniot déjà cité 4. Si, en effet, un événement aussi formidable que la Grande guerre a été à ce point vécu d'une façon si différente en Wallonie et en Flandre, c'est que ces deux sociétés sont très radicalement distinctes et depuis belle lurette. Ou que leur lien est difficile à établir ou maintenir si, face à des événements aussi démesurés, leurs perceptions sont à ce point dissemblables.
Tout sur BHV !
Le quart du texte est consacré au problème de BHV. Or peut douter que, sur le plan institutionnel, cela passionne les habitants de la Wallonie (et même ceux de Bruxelles, des sondages l'ont montré). En revanche, on peut comprendre que les Flamands y soient sensibles, car il s'agit là pour eux de défendre ce qui leur est cher, à savoir leur langue. S'il y a bien quelque chose qui me touche en tant que chrétien dans mes rapports avec les Flamands, c'est cette question de la langue et de la reconnaissance de l'Autre que cela implique. On s'attendrait que face à ce souci primordial de la Flandre, ce texte signé aussi par des chrétiens de Wallonie évoque le douloureux problème du déclin wallon, du chômage endémique qu'il a engendré. Rien de tout cela, c'est complètement passé sous silence. Les chômeurs wallons ne feraient-ils pas partie des pauvres ? Suis-je injuste en posant cette question ?
Je ne le crois pas pour deux raisons. La première, c'est que Jean-Marc Ferry dont la philosophie agnostique a selon ses propres dires, sécularisé des thèmes chrétiens comme celui de la reconnaissance commet la même erreur. Jean-Marc Ferry estimait fin 2007, dans Le Vif que le seul peuple qui doive faire l'objet d'une reconnaissance en Belgique c'était la Flandre, la Wallonie devant, elle, seulement se soumettre à un audit radical de son enseignement 5 . La deuxième raison, c'est que, après avoir décrit longuement les tenants et aboutissants de la lutte de la Flandre pour sa langue, les partisans du Royaume de Dieu et de Belgique disent ceci que je tiens à citer in extenso :
Le séparatisme explicite a gagné beaucoup de terrain en tout cas en Flandre. Mais en Wallonie, cette tendance n'est pas inexistante non plus. Dans les cercles syndicaux de gauche des voix s'élèvent occasionnellement en faveur d'une Wallonie autonome afin de se distancier d'une « Flandre de droite ». Paradoxalement cela renforce objectivement en Flandre les tendances sociales de droite et séparatistes. A Bruxelles, c'est une autre histoire. La composition sociologique de la population donne beaucoup moins d'occasion au repli identitaire. La ville ressemble déjà en grande partie à un creuset cosmopolite. Des exemples d'autres pays indiquent qu'à partir d'une telle mixité culturelle, peuvent surgir une nouvelle identité et une richesse insoupçonnée.
Rien sur la tradition autonomiste de gauche en Wallonie
Il y a dans les signataires des personnes qui sont pourtant proches du mouvement ouvrier en Wallonie. Peuvent-elles à ce point ignorer que si, effectivement, il peut y avoir dans cette région une méfiance par rapport à une « Flandre de droite » (ce qui est quand même plus que le slogan que semblent désigner les guillemets avec un vrai dédain), il y a aussi, dans la tradition des deux grands syndicats de travailleurs wallons, la volonté de s'impliquer dans le redressement de la Wallonie ? Si je n'étais pas sûr de la bonne foi des auteurs, je qualifierais ce passage de malhonnête. Evidemment, ce n'est pas le cas, je tiens à le souligner. Mais consacrer tellement de temps à la problématique de BHV sans rien dire du fait qu'à Charleroi, Liège et Mons il y a un chômage qui crie vengeance au ciel... Dire en outre que toute la démarche autonomiste en Wallonie qui part de ce constat et qui veut une Wallonie citoyenne et solidaire pour relever ce défi essentiel n'aurait comme but que de se distancier de la « Flandre de droite », c'est léger. Le texte semble suggérer que le patronat aurait les mêmes vues sur la réforme de l'Etat. Je désire une nouvelle fois le citer complètement :
La même évolution de remplacement de la solidarité par la concurrence, risque aussi de se produire au niveau de la sécurité sociale. Le levier est ici la régionalisation de la politique du marché de l'emploi. Cette exigence est la priorité absolue des organisations patronales flamandes Voka, Unizo et VKW. Celles-ci veulent la réduction dans le temps des allocations de chômage, l'augmentation de l'âge de la (pré)retraite, la généralisation des heures supplémentaires, plus de flexibilité et la généralisation du travail intérimaire. Ces exigences ont été du reste souscites par l'UWE (Union Wallonne des Entreprises) et la BECI (Brussels Entreprises Commerce and Industry) dans leur « pacte de solidarité ». Qu'est-ce qu'on peut bien mettre dans un mot ? Quand surgit ce mot de « solidarité », on doit toujours se demander: « solidarité avec qui ? », « solidarité pour quoi ? » Il ne s'agit pas ici de solidarité avec les travailleurs. Voka l'appelle même un « pacte de solidarité historique entre employeurs ». À première vue, ce pacte au-dessus des clivages communautaires a semblé une percée dans l'impasse communautaire sur laquelle avait buté la formation de gouvernement. Quand il ne s'agit plus de BHV, des bourgmestres, des corridors etc., mais des lignes de force d'une politique néolibérale, il ne semble plus y avoir d'obstacles insurmontables pour un accord. Les employeurs flamands, wallons ou bruxellois pensent en effet de la même manière. Le volet socio-économique du programme de gouvernement Leterme I a été d'ailleurs assez vite acquis et correspond sur l'essentiel à ce pacte de solidarité des entreprises belges.
Ce 26 mai justement, parmi ces mêmes entrepreneurs belges, quarante , sollicités par Karel de Gucht, ont souhaité créer une sorte de conseil qui chapeauterait les Régions dans l'exercice de leurs compétences (exclusives), en matière de commerce extérieur. Il est vrai que l'on peut bien imaginer que les patrons peuvent s'entendre sur des autonomies et des régionalisations qui s'alignent sur leurs intérêts. Il est vrai aussi que le patronat belge a été longtemps et reste quand même largement unitariste. Si l'on peut concevoir que les patrons sont capables de jouer à la fois la carte de l'autonomie et la carte de l'unité, n'est-ce pas un peu traiter avec dédain la politique autonomiste des organisations de travailleurs en Wallonie que de n'en rien dire ? Après tout, ces organisations sont capables elles aussi de défendre les intérêts des travailleurs en jouant sur les deux dimensions actuelles de l'espace belge et en faveur de leurs adhérents.
Vouloir l'autonomie wallonne = (air connu) se replier sur soi ?
Il n'est pas normal de ne rien dire non plus du fait que ces organisations demandent aussi le maintien du financement unitaire de la sécurité sociale en même temps qu'une extension de l'autonomie régionale wallonne. Si la phrase que nous allons lire vise évidemment ceux qui parlent de défédéraliser la sécurité sociale, elle nous semble viser également ceux qui veulent effectivement plus d'autonomie :
En tant que chrétiens flamands, wallons ou bruxellois, nous pouvons pour cette raison approuver sans réserve la pétition « Sauvons la Solidarité » 6 . Nous ne voulons pas qu'on érige de nouveaux murs entre des gens, entre des régions et entre des pays. Nous ne voulons pas que le principe de solidarité soit remplacé par ceux de concurrence et d'égoïsme.
Soit. Mais la naissance d'une Wallonie plus autonome encore constitue-t-elle vraiment une manière «d'élever des murs entre des gens» (retour du mot cher à Joëlle Milquet)? N'y a-t-il pas à là simplement l'écho de paroles... « royales » souvent entendues au temps de Baudouin Ier, chrétien avéré lui aussi, quoique moins à gauche que nos signataires, décrivant tout processus d'autonomie comme attentatoire à l'unité. Or, qui peut vraiment dire quelle est la meilleure formule de l'unité entre des êtres humains ? On ne peut pas nier que nous sommes en conflit avec la Flandre depuis des décennies. L'unité belge d'antan n'a nullement produit une reconnaissance mutuelle. Ce texte le prouve qui fait une place énorme à la problématique communautaire telle qu'on peut la décrire vue de Flandre d'une manière qui n'est que peu ressentie de Wallonie. Quel est le regard porté par ces chrétiens qui s'expriment à la veille d'élections régionales d'une manière peu favorable - on me le concèdera - aux Régions dont nous allons élire les représentants ?
C'est comme si - mais pourquoi ? au nom de la Belgique unitaire de jadis ? mais celle-ci était-elle comme, vraiment, un Royaume de Dieu ? - on était mal à l'aise vis-à-vis de ce nouvel échelon de pouvoir - les trois Régions -que très démocratiquement les forces politiques belges ont mis sur pied. En effet, on imagine mal un texte semblable à la veille d'élections communales, par exemple. Et le texte en cause parle de l'Europe, mais sans parler des élections à ce niveau et comme si, là, aucun problème ne se posait. Bref, voici des chrétiens qui jettent le discrédit sur la démarche démocratique essentielle du citoyen belge dans la mesure où ce sont aujourd'hui les entités fédérées qui gèrent la majorité des ressources publiques et dans la mesure où quelqu'un comme Bernard Wesphael, dans Une Wallonie verte, a raison de souligner que cet échelon de pouvoir va encore grandir en importance, sans pour autant rompre la solidarité sociale. Si les Régions peuvent agir de manière autonome n'y a-t-il pas là une chance non seulement pour les Citoyens des trois Régions du pays, mais aussi pour l'entente entre ces trois Régions ? Dans la mesure où la réflexion historique prouve que l'unité belge, manifestement, n'a jamais convenu à leur entente.
Le plus pénible de tout, c'est que l'on trouve, et la caractérisation du mouvement wallon comme mouvement de repli, et son rapprochement du racisme dans la belle tradition du discours antiwallon en Belgique francophone 7
Des compromis et des règles institutionnelles sont nécessaires, mais ne fonctionneront jamais de manière satisfaisante dans la pratique s'ils ne sont pas portés par des vertus et des valeurs humaines comme l'ouverture, le respect de l'autre et la responsabilité. Cela inclut par exemple l'apprentissage de la langue de l'autre. Les valeurs susmentionnées sont d'autant plus importantes maintenant que, sous l'influence de processus de mondialisation et de l'intégration européenne, nous évoluons vers une société multiculturelle. Des notions comme « identité » et « racines » culturelles se retrouvent ainsi sous un autre éclairage. Comme l'affirme l'écrivain libanais Amin Maalouf, nous ne sommes plus uniquement déterminés par un héritage qui est originaire de nos aïeux, de la tradition de notre peuple et de notre communauté religieuse. À côté de cet héritage « vertical » du passé, il y a aussi ce que Maalouf appelle l'héritage « horizontal ». « L'Europe dans son ensemble devra considérer son identité comme la somme de tous les arrière-plans linguistiques, religieux et autres. Travailler pour l'Europe, c'est travailler à une nouvelle vision sur l'identité, pour le continent lui-même, pour tous les états européens et aussi un peu pour le reste du monde » (A. Maalouf, Les identités meurtrières). A vrai dire c'est en quelque sorte des « hommes nouveaux » que nous avons à devenir. Jean parle dans son évangile de « naître à nouveau » (Jn 3,3). C'est l'inverse de se replier de manière crispée sur sa propre identité flamande ou wallonne. On va ainsi à contre-courant du dynamisme de l'histoire et des possibilités positives que l'unification européenne peut impliquer. L'islamophobie grandissante est un symptôme de ce repli identitaire.
Le Royaume de Belgique n'est pas le Royaume des cieux
On pourrait aussi reprocher aux auteurs du texte une manière de confondre - c'est bien ce que semble dire le titre même de leur réflexion - le Royaume de Belgique et le Royaume de Dieu quand ils disent à la fin du document :
La sécurité sociale et la solidarité interrégionale sont en effet un fragment réalisé de socialisme, une étape sur la route vers le Royaume de Dieu.
Il me semble qu'il faudrait être plus prudent. Ne serait-ce que par cohérence avec soi-même. Le Royaume de Belgique et le Royaume de Dieu commence en effet par ces mots :
Faut-il maintenir la Belgique sous sa forme actuelle? Devons-nous construire une nouvelle Belgique? La solution est-elle une Belgique confédérale ou une division du pays en états indépendants? Nous ne nous prononçons pas sur ces questions, ce n'est pas notre préoccupation prioritaire.
Pourtant c'est bien sur ces questions considérées comme non prioritaires que le texte se prononce en réalité, allant presque jusqu'à confondre Royaume de Dieu et Royaume de Belgique, sans utiliser une seule fois le mot « citoyen », ce qui nous semble assez grave à quelques jours d'un moment démocratique important comme les élections. Certes à un échelon de pouvoir que manifestement ses signataires ne considèrent pas comme vraiment légitime, sans que rien ne leur semble devoir être reproché à aucun des autres niveaux de pouvoir en tant que tels. Les Régions au contraire leur semblent intrinsèquement perverses. C'est justement ce que l'on peut mettre en cause. Il me semble clair en effet que l'on ne pourra pas solliciter éternellement l'intérêt des citoyens (des « gens » diraient les auteurs du texte), à la fois à des élections fédérales, à des élections européennes, à des élections régionales (et dans une certaine logique belge suivie par les médias, cela suppose aussi s'intéresser aux élections à Bruxelles, mais aussi en Flandre et en Communauté germanophone), enfin des élections communales et provinciales. Il faudra qu'un échelon soit supprimé. Si on garde la situation actuelle, je pense que la menace n'est pas qu'il y ait des "murs" mais qu'on mache tout!
Rappelons que nous avons voté en 1999 pour les Régions, le fédéral et l'Europe, en 2000 pour les Communes et Provinces, en 2003 pour le fédéral, en 2004, pour les Régions et l'Europe, en 2006 pour les Communes et les Provinces, en 2007 pour le fédéral, en 2009 pour les Régions et nous allons remettre le paquet pour le fédéral en 2011 et pour les Communes en 2012 etc. Ce qui n'empêche nullement les présidents de partis, en tout cas wallons et bruxellois, de considérer qu'ils doivent être omniprésents quel que soit le niveau de pouvoir pour lequel les citoyens sont sollicités. Milquet, Reynders et Di Rupo (moins Javaux peut-être), semblent être vraiment des adversaires du « repli sur soi » puisque eux-mêmes sont présents au four régional, au moulin fédéral, sans compter la meunerie communale et la boulangerie européenne. Est-ce cela le multiculturel ? On se moque du citoyen lorsque l'on ose écrire en conclusion de tout cela, belle envolée unitariste digne des meilleurs discours de la monarchie sous le roi Très chrétien Baudouin Ier:
Nous voulons pour les Wallons, les Flamands, les Bruxellois et tous les habitants du monde une vie humaine digne. C'est ainsi que nous avançons sur le chemin du Royaume de Dieu.
Tout ceci donne l'impression d'une démarche de Flamands chrétiens attachés à leur Région et à leur langue (c'est constamment réaffirmé), mais mal à l'aise avec les propositions franchement égocentriques voire fascisantes du pire parti de Flandre et d'autres partis. Et de Wallons ou Bruxellois francophones préoccupés d'autre chose, mais qui, sans doute sollicités par les mêmes Flamands (c'est mon hypothèse), ont tenu, pour que le texte soit « équilibré », à mettre en cause l'élan régionaliste wallon en ce qu'il a pourtant de démocratique et de solidaire, sans faire la part du feu. Et en assaisonnant le tout de références un peu contreplaquées à la théologie de la libération et à l'Evangile, sans dire un mot de ce qui dans le combat wallon demeure quelque chose d'essentiel : la reconnaissance d'un peuple.
Il y a parmi les signataires des gens qui se sont préoccupés de la question wallonne. Mais d'autres peu ou jamais. Et qui disent que cela n'a jamais été leur priorité. C'est très bien, mais alors pourquoi solliciter si longtemps notre attention pour dire que finalement, tout cela, on s'en fout ? Parce que l'état d'esprit d'une majorité de Wallons est bien cette indifférence à une Cité qui soit la leur ? Mais quelle est la Libération humaine ou chrétienne à espérer d'un peuple qui renonce à lui-même comme les signataires y invitent de fait les Wallons ?
- 1. Le Royaume de Belgique et le Royaume de Dieu
- 2. Régiments flamands et wallons en mai 1940
- 3. Figures belges lors du centenaire en 1930
- 4. Figures belges lors du centenaire en 1930
- 5. Pour une politique de reconnaisance réciproque
- 6. Sauvons la solidarité
- 7. A la fin, cette expression donne la nausée. Voyez Le discours antiwallon en Belgique francophone (1983-1998) in numéros spéciaux, notamment sur le repli CHAPITRE IV: Disqualification. Ici même, le repli est associé à l'islamophobie. Bon...