Léon Degrelle, le dernier tabou belge ?

8 mars, 2009

Avant d'aborder le remarquable documentaire de Philippe Dutilleul et Isabelle Christiaens, disons un mot sur l'horripilant battage qui s'est fait autour de celui-ci. C'est jusqu'à la nausée que le mot « tabou » est revenu, nous ne sommes pourtant plus en 1983: si Degrelle était encore si tabou, il ne serait même pas imaginable qu'un tel documentaire puisse être diffusé à une heure de grande écoute ! Ce n'est pas ici que l'on insistera sur le fait que le tabou ultime reste et demeure tout ce qui touche à la dynastie belge.

Ce qui, par contre, est révélateur est que ce soit un Britannique, Martin Conway, et un Français, Korentin Falc'Hun, qui aient produit les études les plus approfondies sur Degrelle et le rexisme. Bien sur, c'est un historien américain, Robert Paxton, qui publia au début des années 70 le premier ouvrage sur le régime vichyste, mais depuis ce moment les historiens français ont examiné les moindres aspects de la France des années noires, y compris la responsabilité de l'appareil étatique français dans la Shoah. Les historiens belges ont, eux aussi, depuis la même époque examiné ces années, mais on peut se poser la question de l'écho faible ou limité dans le temps de leurs travaux. Cette situation n'est-elle, au fond, que le reflet de l'impossibilité d'une anamnèse nationale belge ? Je vais citer l'historien irlandais John Horne à propos de la 1ère guerre mondiale : « Ce qui me frappe (...), c'est d'abord le jeu réciproque de mobilisation continue de ” cultures de guerre ” opposées (nationalistes wallons et activistes flamands) et de démobilisation de ces mêmes cultures (Catholiques flamands ou Socialistes modérés). C'est, deuxièmement, l'impact de ce jeu réciproque de mobilisation/démobilisation culturelle sur l'évolution des rapports communautaires, comme si la guerre fournissait un vocabulaire de violence et une mémoire identitaire toujours susceptibles de déjouer les tentatives de démobilisation et de réconciliation à l'intérieur de la Belgique »1 Cette citation d'une grande justesse explique sans doute pourquoi c'est finalement toujours avec des précautions infinies que les historiens professionnels belges, même si c'est un peu moins vrai pour les historiens flamands, abordent les deux conflits mondiaux. On peut comprendre que les chercheurs belges ne veuillent pas, par leur production, attiser les conflits passés et présents d'une société, mais toutes ces précautions ne conduisent-elles pas à négliger leur devoir vis-à-vis de cette même société et à ne pas vouloir affronter les conséquences de leurs écrits, comme si une histoire « sans valeur » ou purement « objective » était réellement possible ? Je ne pense pas ici à des historiens comme Jean Stengers ou Robert Devleeshouwer, aux opinions si différentes, ce dernier ayant même refusé d'apparaître dans une même émission télévisée que Degrelle.

Au fond, le documentaire d'hier était remarquable parce qu'il n'est pas doublement tombé dans ce piège. Premièrement, il retrace le parcours d'un homme et non d'un mouvement ou d'une idée politique. Degrelle présenté habituellement sous l'image d'un vociférateur démagogue et vaniteux chef d'une bande de criminels « noirs » est dépassée, il y apparait comme un individu beaucoup plus complexe: fanfaron, mais combattant réellement courageux, négationniste, mais catholique pratiquant, ambitieux maladif, mais risquant tout sur des coups de poker hasardeux comme les élections législatives anticipées de 1937 à Bruxelles, etc. Le documentaire rappelle la fascination qu'il a exercée sur certaines franges de la middle-class belge francophone, son impact ayant toujours été faible dans les milieux ouvriers où l'opposition au « système » s'incarna dans certaines formes de syndicalisme et dans le parti communiste. Deuxièmement, le documentaire évite ce que j'appelle une vision veule de l'histoire: d'abord il ne « ridiculise » pas ceux qui témoignent par un commentaire en voix off, mettant ceux-ci devant leurs contradictions ou mensonges, les faits parlant d'eux-mêmes en quelque sorte, comme la responsabilité « personnelle » de Léon Degrelle dans l'exécution de trois otages à Bouillon en juillet 1944 en représailles au meurtre de son frère pharmacien par la Résistance. Ensuite, divers clichés éculés sont évités comme dire que la foule bruxelloise qui accueillit Degrelle en avril 1944 sera la même qui célébrera les chars britanniques en septembre de la même année, etc.

Le documentaire montre aussi que la période espagnole de Degrelle ne fut pas aussi tranquille que cela, il fut longtemps dépendant de la bienveillance et de la protection de puissants amis espagnols. Vu l'adoption d'une fausse identité qui lui a permis d'avoir la nationalité espagnole en 1954, sans doute que Degrelle, Colonel de la Waffen-SS, n'a jamais pu bénéficier des généreuses pensions que l'Etat allemand verse toujours actuellement dans de nombreux pays à ceux qui ont combattu sous son uniforme. La « baraka » Degrelle, mais aussi ses protecteurs, lui permettront d'échapper aux multiples tentatives d'enlèvements imaginés contre lui. A la fin du documentaire sur celui qui se disait le dernier des hitlériens, chacun tirera la conclusion qu'il voudra du « destin » de Léon Degrelle. Personnellement, je partage les propos de notre ami Daniel Olivier, disant qu'après 1937, Degrelle a tout raté, l'histrion anti système étant dépassé par ses propres slogans, le rendez-vous entre son destin personnel et « son » peuple (mais de quel peuple s'agissait-il ?) n'aura jamais lieu, à l'inverse d'un de Gaulle ou d'un de Valera voire même d'un Franco. Ce destin raté fait de Degrelle une figure tragique, dans le sens premier du mot, et certains passages du documentaire le montrent même conscient de cela, ce qui n'est pas l'un de ses aspects le moins étonnant.

Et pourquoi pas un documentaire de la RTBF sur un autre tribun au destin tragique mais dans un autre sens, Julien Lahaut, l'un des derniers véritables tabous de l'histoire de Belgique contemporaine?


Voyez aussi une critique plus perspicace d'images montrées dans cette émission Parade de Degrelle à Charleroi (puis Bruxelles) le 1er avril 44
  1. 1. S. Jaumain, M. Amara, B. Majerus, A. Vrints (sd.) : Une guerre totale? La Belgique dans la 1ère guerre mondiale , AGR-AR, Etudes sur la 1ère guerre mondiale, Bruxelles 2005, p.449.

Commentaires

Quelques remarques complémentaires à ma chronique

D’abord, avant d’apporter quelques retouches à ma première chronique, j’aimerais préciser que j’ai eu le plaisir de discuter longuement tant avec José Fontaine qu’avec Daniel Olivier sur ces quelques lignes écrites, sans doute trop rapidement, dans la foulée de la diffusion du documentaire. Je reconnais immédiatement que je n’aurais jamais dû tenter de tracer un parallèle douteux entre Franco et de Gaulle ou de Valera, le premier a mis fin à la République et aux libertés publiques de son pays, les deux autres ont défendu ou rétabli la République et sont demeurés au pouvoir uniquement par le suffrage universel et non par l’utilisation des armes d’un régime répressif. Il y a quelques mois, le journaliste français Philippe Alexandre a republié son livre de 1969 « L’Elysée en péril » sur les événements du mois de mai 1968. Il est frappant de voir les hésitations de tous les Barons du gaullisme (Louis Joxe, Pompidou, Frey, Peyreffite, même Michel Debré), à s’engager pleinement dans une politique répressive face à la contestation estudiantine. De même, très vite, Pompidou et un jeune loup appelé Jacques Chirac vont essayer de trouver un compromis avec la CGT pour désamorcer honorablement le mouvement massif de grève qui paralyse la France. A peu près à la même époque, le Franco vieillissant n’hésitait pas à faire garrotter Puig Antich et les syndicats « libres » étaient toujours interdits, c’est une différence de taille. J’aurais dû préciser que lorsque j’évoquais la fascination exercée par Degrelle sur certaines franges de la middle-class belge francophone, cela allait de la petite à la grande bourgeoisie capitalistique et à l’aristocratie. Préciser aussi que Rex a aussi touché certaines franges de la classe ouvrière wallonne, même si son impact y fut moindre qu’au sein de la classe moyenne. A propos de beaux sujets attendant toujours leurs historiens, pourquoi Rex, lors des élections de 1936, ne perce-t-il pas dans le Hainaut ? Il n’y obtint que 8.71% des suffrages et 3 députés sur 32 dont 2 plutôt dans le Hainaut « rural » (Thuin et Ath) ? Mais c’est aussi dans le Hainaut que les affrontements entre résistants et « noirs » seront les plus violents de Wallonie, comme l’a évoqué Jean Louvet dans deux de ses pièces. Il faut différencier le rexisme de 1935 à 1940 ne répondant pas à la définition du fascisme, telle que peuvent le proposer l’historien italien Emilio Gentille ou l’historien israélien Zeev Sternhell, mais qui constitue une forme de conservatisme réactionnaire, produit de la crise économique et de la peur du « rouge », du rexisme de guerre qui va s’aligner, en quelque sorte, sur l’idéologie de l’occupant. Pour revenir au documentaire, je partage totalement les propos de Daniel Olivier sur le caractère artificiel qui ferait, encore aujourd’hui, de Léon Degrelle le dernier tabou belge; Maurice De Wilde interrogea dans les années 80 sur la BRT de nombreux légionnaires ainsi que d’anciens rexistes condamnés pour fait de collaboration liés à la répression de la résistance. Si l’on veut des tabous, regardez vers le Palais royal ou vers certains aspects de la politique coloniale belge, les deux étant bien sûr liés. Pour revenir au documentaire, Daniel Olivier a raison de souligner l’intérêt variable des témoignages, celui des filles Degrelle n’étant pas, à tout le moins, parmi les plus percutants et pertinents. Je ne connais pas les intentions des auteurs du documentaire, je considère qu’il s’agit principalement d’un portrait de Degrelle en tant que personnage « extraordinaire » plus que de la volonté de faire œuvre historique et d’apporter un éclairage nouveau sur le rexisme et Degrelle comme phénomène de l’histoire politique de Belgique. C’est vrai que le grand tournant dans l’histoire du rexisme qu’est l’élection législative partielle de 1937 est noyé dans le documentaire. On ne saisit pas pourquoi et à quelle fin, Degrelle, premier député suppléant de son parti pour le Brabant, força la démission de tous ses députés et suppléants (lui compris donc), si ce n’est pour défier l’establishment politique belge ? A une semaine d’intervalle, Arte diffusait le documentaire d’Alain Ferrari « Milice, film noir », qui, lui, était réellement un documentaire historique avec ce que cela peut éventuellement comporter d’aspects peu compréhensibles sans la possession de quelques bases historiques sur l’époque. En passant le contraste était frappant entre Degrelle et Darnand, le chef de la Milice du régime de Vichy. Les auteurs ont clairement tenté d’appliquer au long-cours la méthode « Strip-Tease » au parcours de Léon Degrelle, mais peut-on aborder ce dernier de la même manière ou méthode, pour rappeler d’autres documentaires de Philippe Dutilleul, que les ouvriers de Boël ou Roberto D’orazio ? J’avoue mon incapacité à répondre d’une manière tranchée à cette interrogation, mais je dois constater que c’est ce sujet qui a provoqué le plus de réaction sur le site de la revue Toudi. Pour conclure, comment ne pas évoquer l’incroyable capacité de Degrelle à se réinventer constamment. Au cours de ses 20 dernières années de vie, qui virent l’effondrement de la plupart des régimes communistes et le triomphe d’un certain relativisme moral mettant sur le même pied nazisme (Hitler) et communisme (Staline), en se proclamant, en quelque sorte, le dernier des hitlériens, Degrelle a réussi non seulement à raviver sa renommée au sein de l’extrême-droite « occidentale », mais aussi à un devenir un objet de fascination un peu crapoteuse pour d’autres. Lors de la publication de livre de Jonathan Littell « Le sec et l’humide », Degrelle ne se retrouva-t-il pas paradoxalement, dans toute sa splendeur casquée, en couverture du "Nouvel Observateur" ? L’histoire est une tragédie qui se répète sur le mode de la bouffonnerie, Degrelle l’a sans doute compris avant bien d’autres, pour rejoindre José Fontaine, c’est probablement pour cela que la résistance apparait comme « refoulée » dans l’imaginaire de nos sociétés car elle ne peut justement se prêter à un tel mode d’appréhension…

Il y a tabou et tabou

Degrelle tabou à la télé, ce n'était pas en raison d'un refus de voir les choses en face. En 1982, pour l'émission de Maurice De Wilde "L'ordre nouveau", Robert Devleeshouwer, professeur émérite à l'ULB, sachant que son interview passait le même jour que celle de Degrelle refusa que son image soit utilisée en même temps qu'un personnage qu'il rejetait idéologiquement de manière radicale, notamment en raison du négationnisme de Degrelle. Degrelle niait en effet l'existence des chambres à gaz et l'extermination des juifs. Il faut bien se rendre compte que le négationnisme n'est pas en réalité une opinion. C'est, comme l'a écrit Pierre Vidal-Naquet, ''une tentative d'extermination sur le papier qui relaie l'extermination réelle'' 1. Ce qui justifie les lois contre le négationnisme qui n'est, en rien, une opinion, mais une incitation à la haine raciale. On pourrait même aller jusqu'à dire que les négationnistes sont dans le même état d'esprit que les génocidaires eux-mêmes dans la mesure où ceux-ci, comme tous les grands massacreurs de l'histoire, dénient leurs actes. Et ceci est a fortiori vrai du génocide des juifs volontairement perpétré dans le secret. Degrelle est devenu un peu une starlette du nazisme ou de l'hitlérisme, ce qui lui valut la notoriété mondiale que met en évidence l'émission. C'est à un tel point qu'il est devenu l'un des Wallons les plus célèbres. On est étonné de voir le peu de place que font les médias à des personnes qui ont, elles, très profondément influencé notre histoire comme André Renard par exemple, dont le directeur du CRISP, Xavier Mabille disait récemment qu'il est, avec Gaston Eyskens, l'un des deux figures qu'il retenait à l'occasion du cinquantenaire de cette institution. Alors que Degrelle n'a laissé aucun héritage ni politique, ni intellectuel. Hergé peut lui être associé, Hergé qui sans avoir posé des actes aussi graves que Degrelle a vécu la deuxième guerre mondiale dans le même état d'esprit que Degrelle après avoir soutenu Degrelle avant la guerre 2. Degrelle est aussi un criminel de guerre et Jean Louvet a écrit avec Armand Deltenre, "«Pierre Harmignie, Numéro 17 – Prêtre » (Lansman, Carnières, 2005.), pièce de théâtre que nous avions commenté sous le titre "Un spectacle de toutes les Résistances et Espérances" (TOUDI mensuel, avril-juin, 1998). Il faut se rappeler que l'une des victimes de ce massacre est le Doyen de Charleroi, Pierre Harmignie. Même si Degrelle n'a pas eu une responsabilité directe dans cette ignominie, il en porte au moins la responsabilité morale. On peut voir dans l'assassinat de Pierre Harmignie la vengeance d'un certain rexisme contre un monde catholique dont Degrelle est issu mais dont il a été éjecté. Il faudra que l'on revienne sur le sujet, non pour faire la publicité de Léon Degrelle, mais pour mieux voir dans quel contexte (pas nécessairement glorieux pour l'Eglise officielle), il a été "excommunié" par sa famille spirituelle. Degrelle qui sourit à Hitler et qui continue à en faire la publicité jusqu'à sa mort ne doit pas faire oublier la jeune Marguerite Bervoets, décapitée à la hache par les nazis en même qu'une autre jeune résistante de La Louvière, l'année même où Degrelle défile dans Bruxelles. On ne demande pas que Marguerite Bervoets soit aussi connue que Degrelle ailleurs que chez nous, mais que son nom nous permette de nous rappeler qu'ici aussi, chez nous, de jeunes êtres se sont dressés les mains nues contre ceux qui voulaient détruire l'humanité des êtres humains. Et de fait, comme François André le suggère, la télévision ne pourrait-elle pas dire un peu ce que furent les Résistants et la Résistance? "Il fallait faire cette émission sur Degrelle parce que les témoins commençaient à manquer", a -t-on entendu dire. Mais avons-nous tant de témoins que cela sur cette page de notre histoire? Eux aussi ne sont-ils pas déjà morts? Et bien avant que Degrelle n'effectue les réorientations qui lui ont permis d'acquérir la notoriété qui nous a valu cette émission de télé?
  1. 1. "Les assassins de la mémoire, Un Eichman de papier", Postface de Gisèle Sapiro, Nouvelle édition revue et augmentée, La Découverte, Paris, 2005, p. 39.
  2. 2. Maxime Benoît-Jannin, "Les guerre d'Hergé", éditions Aden, Bruxelles, 2007)

Daniel Olivier critique la La Führer de vivre

Le 11 mars 2009. L’information surabondante sur « La Fürher de Vivre » nous avait annoncé un nouvel éclairage historique sur Léon Degrelle. Nous nous attendions à un dégonflage de sa diabolisation endémique. Or, qu’avons-nous vu ? Un Degrelle connu, reconnu, archiconnu sous ses aspects le plus « médiatique » : mauvais genre style «Star Academy ». Degrelle, pit-bull aboyant une fois de plus ses diatribes de croisé incompris, Degrelle présentant son uniforme de parade d’après-guerre, Degrelle embrassant ses légionnaires figés comme des cadavres glacés, Degrelle à son balcon, Degrelle buvant, Degrelle citant Delon et Arletty, etc, etc… TOUT CA ( !) dans un dés…ordre nouveau ( !), bric à brac de miroirs aux alouettes, mouroir des allumettes du nouvel éclairage annoncé. Le choix des témoignages, depuis les filles de Degrelle, marmonnant des lieux communs sans aucun rapport avec la démesure de leur père, en passant par ce Français parolier verbeux devenu ami de Léon et par ces éliacins prolongés qui parlent de croisade en s’affichant B.C.B.G., s’est avéré affligeant. Dès les premières séquences bouillonaises où l’on voyait mijoter des témoins dans leur brouilloneuse mémoire, il fallait couper, sauf l’interview du patriarche communiste saluant les qualités littéraires de Degrelle, tout en restant adversaire politique. Pour ne pas tomber dans le piège de l’histoire officielle de Degrelle, unique personnage du Rexisme, il fallait démontrer que Degrelle n’était pas le seul à Louvain en 1927, à Bruxelles en 1936 et 1937. Que la victoire de 1936 lui appartenait pour 1/3, l’autre 1/3 à Jam et le dernier au procès Segers. Que l’élection partielle de 1937 était un piège organisé par la droite extrême du Parti Catholique en la personne de d’Aspremont – Lynden et Sap. Que le Rexisme d’avant 40, n’est pas le même qu’après 40. Que la femme de Degrelle a fait cinq ans de prison après que Léon l’ait dépouillé de sa fortune. Même ses filles n’ont pas rendu hommage à leur mère. En ce qui concerne l’absence de reconnaissance ( !) : laisser L. Degrelle raconter son « Voyage » en avion d’Oslo à San Sébastian sans citer le pilote DORINGEN, comme si c’était lui qui pilotait, alors qu’il ne sait même pas conduire une voiture, à un certain moment il dit même « mon avion », c’est à y perdre ses ailes ! Il y a la séquence à Leuven avec l’archiviste qui montre les résultats de Degrelle et dans le débat, Korentin Falc’Hun maintient qu’il n’a pas eu accès aux archives à Leuven. Vous avez dit…bizarre ! Degrelle écrivain pendant 49 ans d’exil, inconnu au bataillon ! Il faut le faire ! Léon Degrelle, député suppléant de 36 à 37 et député effectif de 39 à 44, ignorance totale de la part des réalisateurs. Enfin, les cendres au Tombeau du Géant alors qu’à la fin du documentaire elles sont à Berchtesgaden, cela fait l’effet d’un « pétard » mouillé sans hallucinogène ! Si la Belgique officielle subit encore volontairement le syndrome Degrellien, les réalisateurs ont subi le syndrome de la célébrité. Combien de personnes perdent leur moyen face à une personnalité célèbre ou célébrée : roi, reine, prince, princesse ou star du spectacle. Par manque de connaissance préalable à la mise en route du documentaire, les réalisateurs ont perdu leurs moyens et ont été éblouis par leur propre audace d’interviewer les filles d’une célébrité et des anciens légionnaires. Ils se sont laissé griser par le scandale possible et ont ainsi perdu leur faculté d’apporter du nouveau. Pour le public qui ne connaissait rien de Degrelle et du Rexisme, ce fut un documentaire intéressant au niveau d’un spectacle inédit. Par rapport à ce qui avait été annoncé par un battage excessif – journaux, radio, TV, pendant plusieurs jours – on allait enfin tout connaître sur le zi…goto ; force est de constater qu’on est resté dans la cuisine, ça fume, ça mijote, on en a fait tout un plat, on en est resté aux petits plats sans les grands et le plat du jour n’a été qu’un plateau-repas. On attendait de la gastronomie au Banquet de mets nouveaux. Pour en finir avec un des plus grands canulars de l’histoire de Belgique : le tabou Léon Degrelle, il suffit de s’informer sur la bibliographie relative au Rexisme et à Léon Degrelle. Depuis 1945, des dizaines d’articles dans les journaux et revues, des expositions, des conférences et enfin entre dix et vingt livres sur ce tabou légendaire. Qui dit mieux ? Certains diront : entretenons ce TABOU qui n’est qu’un TAS DE BOUE, très bien, mais alors sortons de l’HISTOIRE pour entrer dans une poubelle. Daniel OLIVIER Auteur de Menus propos autour de P.H. SPAAK Et L. DEGRELLE 20 € CCP : 000-1464285-70 Tel. : 063/44.61.92 Cet ouvrage de notre ami Daniel Olivier fera l'objet d'un compte rendu distinct.

Points critiques

La revue "Points critiques" mensuel de l'Union des progressistes juifs de Belgique n'a pas aimé cette émission sur Degrelle. José Gotovitch fait les mêmes commentaires que nous sur le non-tabou que constitue en réalité Degrelle. José Gotovitch regrette aussi le fait que les choses n'ont pas été traitées sous l'angle historique: "Nous payons ici la destruction par la RTBF d'une équipe "Histoire" qui assumait avec sérieux et responsabilité son travail journalistique, pour en arriver, selon les voeux de son grand patron, à faire "de l'histoire autrement". "Autrement" ce fut, par exemple, Annie Cordy, professeur d'histoire de Belgique et aujourd'hui ce "scoop" brouilleur d'histoire." 1 Jean-Marie Chauvier évoque la campagne de Russie de Degrelle et le "récit terrifiant" que le Wallon le plus célèbre dans le monde en a fait. Oui, le Wallon le plus célèbre... Décidément, la Belgique n'est pas un pays qui convient à la Wallonie. Il faut se souvenir que, dans ses fiches du XXe siècle, "Le Soir" n'avait vraiment évoqué le mot Wallonie que par une seule citation ou mention directe: cette "Division" (en réalité à peine un gros régiment), qui porta effectivement le nom "Wallonie". Il ne s'agit pas d'éviter pour un pays les aspects sombres de son histoire mais enfin! tout le monde admettra que la Wallonie - ce n'est même pas en Wallonie que Degrelle recueillit le plus de suffrages en 1936 mais à Bruxelles... - 2, n'est que peu liée à ce personnage auquel on ne manque pas de l'associer si souvent tandis que cela est le plus souvent refusé y compris aux dirigeants de Wallonie eux-mêmes, témoin cette mention de Rudy Demotte qui représentait au Congo la "Belgique francophone" (JT de ce 31 mars). Et évidemment aux oeuvres de l'esprit: l'effet de la manoeuvre est que toute dignité de peuple soit refusée à la Wallonie. La rage avec laquelle on associe Degrelle et la patrie wallonne n'est pas le fruit d'un simple hasard. Il y a aussi, là-dedans, le vide de la mémoire, la perversion du coeur, "l'esprit d'un monde sans esprit".
  1. 1. José Gotovitch, Un "scoop" brouilleur d'histoire, in "Points critiques" avril 2009, pp.2-3.
  2. 2. 7,01 % en Flandre, 15,16 % en Wallonie, 18,50% à Bruxelles, résultats dans La décision politique en Belgique, Bruxelles, CRISP, 1965, Annexe III.