"Wallonie par choix": le consensus s'élargit
Du côté wallon et bruxellois en tout cas, les options régionalistes du MMW (Mouvement du Manifeste Wallon), nous semblent à tout le moins manifester qu'un large consensus est en train de se créer autour de l'idée des trois Régions (ou quatre). Pour preuve l'éditorial de la revue POLITIQUE (consacré au thème général sur lequel nous reviendrons Temps de travail, temps de vie?). Voici ce qu'écrit H.Goldman 1:
Toute l'histoire politique de ce pays l'atteste: les "francophones", quand ils se sont constitués en acteur politique, ont toujours agi pour conforter la position de domination de la langue française et de ses locuteurs dans le cadre belge. Au XIXe et XXe siècle, on ne compte plus les joutes au sein du mouvement wallon entre ceux qui privilégiaient l'autodétermination des peuples et ceux qui ne voulaient à aucun prix mettre en péril la position dominante de la minorité francophone de Flandre avec qui ils se sentaient culturellement solidaires. Le néo-belgicanisme qui s'est emparé du monde politique francophone, gauche et droite confondues, son étonnant royalisme, sa volonté de s'accrocher coûte que coûte au signifiant "Belgique" même sans la Flandre vont bien de pair avec cette incroyable focalisation sur la périphérie bruxelloise et ses quelques milliers de francophones plus aisés qui ne sont sûrement pas les plus malheureux de nos concitoyens. L'identité francophone est l'héritière de cette ancienne position belgicaine qui n'est pas pour rien dans la radicalisatiuon du mouvement flamand. Et pusiqu'on n'échappe pas à la question de l'identité, nous affirmons que l'espace francophone recouvre en réalité deux identités politiques distinctes à base territoriale: Bruxelles et la Wallonie (...)
Et l'éditorialiste, après avoir montré que les affinités qui existent entre Wallons et Bruxellois n'empêchent pas de mettre en cause le sacro-saint principe d'une solidarité Wallonie-Bruxelles principalement pour bâtir d'autres solidarités dans l'ensemble de l'espace belge et au-delà, conclut :
Nous sommes donc preneurs de toutes les solidarités, de toutes les coalitions susceptibles de s'opposer à cet affaiblissement [allusion au fait que la NVA vise à un affaiblissement de l'Etat social via la réforme institutionnelle, note de TOUDI]. Oui à une autonomie régionale accrue, dont les Wallons et les Bruxellois de toutes cultures ont autant besoin que les Flamands, pour autant que les principes de base de la solidarité interpersonnelle soient préservés. En opposant par pétition de principe que les "francophones" aux Flamands posés comme deux groupes irréductibles, on ne fait que rendre les enjeux de la réforme de l'Etat encore plus incompréhensibles qu'ils ne le sont déjà.
Il est clair que cette revue qui est issue du Manifeste pour la culture wallonne 2 ne peut que souscrire entièrement à ces positions. De même que le Mouvement du Manifeste wallon qui en est lui-même issu après qu'il ait semblé aux militants de le fonder. Ils avaient fêté le 20e anniversaire du Manifeste en remettant un nouveau manifeste et un projet de régionalisation de la Communauté française 3 entre les mains du Président du Parlement wallon Robert Collignon le 15 septembre 2003 (anniversaire, jour pour jour du premier Manifeste). Et ils fondèrent ce mouvement pour poursuivre activement la promotion des idées des deux manifestes, notamment avec le monde syndical wallon, qui a toujours été lui aussi plus proche de l'idée des trois Régions que de celle des deux Communautés.
On lira par ailleurs, le compte rendu circonstancié de l'une des controverses qui ont opposé à la fin du XXe siècle (comme le rappelle Henri Goldman), et plutôt vivement les partisans de la Communauté et les partisans des trois Régions dans le chapitre IV du numéro spécial de la revue TOUDI intitulé Le discours antiwallon en Belgique francophone (1983-1998), chapitre plus centré sur les réactions au Manifeste wallon de 1983 4, c'est-à-dire le CHAPITRE IV: Disqualification.Ce consensus n'est pas celui de la présidentocratie qui ferait bien de repenser ses positions dépassées parce qu'elle fait que s'écouter elle-même.
- 1. L'illusion francophone
- 2. Textes des différents manifestes tant wallons que "francophones" depuis 1983 et le Manifeste bruxellois NOUS EXISTONS (2006)
- 3. Proposition de Décret attribuant l'exercice de certaines compétences de la Communauté française à la Région wallonne : sur un plan symbolique, cette position est moins caduque que jamais et on doit savoir que, effectivement, la régionalisation de la Communauté française peut être décidée souverainement par les Wallons et les Bruxellois francophones, ce que l'on n'a pas manqué de rappeler le 22 novembre dernier à la réunion La Wallonie par choix, non par défaut!
- 4. Le discours antiwallon en Belgique francophone
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Commentaires
David Coppi dans LE SOIR